Il est inutile, à ce stade-ci, de répéter pour une énième fois à quel point les quatorze derniers mois ont été exigeants, difficiles et carrément pénibles pour les professionnels de la santé et la population en général. On parle d’une pandémie, après tout, qui occupera indéniablement une place de choix dans les grands livres d’histoire du prochain siècle, voire probablement des siècles subséquents. Nous sommes tous, à différents degrés, mis devant certaines de nos limites dans un monde où nous n’avions jamais pensé évoluer, surtout durant une si longue période.
Heureusement, l’espoir de jours meilleurs avec l’arrivée de la vaccination massive et l’efficacité probante des vaccins à ce jour dans les populations vulnérables doit nous animer et nous permettre d’avancer. D’ailleurs, saisissons la balle au bond quand l’occasion se présente et encourageons les patients et nos concitoyens à se faire vacciner lorsqu’ils en ont la possibilité. Peu de personnes ont le privilège d’avoir l’influence d’un médecin traitant sur une telle question. Pour diverses raisons, plusieurs patients vous posent sûrement des questions sur l’innocuité et les bienfaits de la vaccination. Alors, profitez de cette occasion précieuse pour les rassurer afin de faciliter collectivement le retour à une vie plus normale le plus rapidement possible.
N’empêche qu’il est parfois difficile de garder le moral et de demeurer positif. Que ce soit l’intensité de la troisième vague dans certaines régions ou chez nos voisins ontariens, la lourdeur de la tâche au quotidien, la pénurie de ressources professionnelles qui frappe plus que jamais un peu partout dans le réseau, le découragement par rapport aux nécessaires contraintes sanitaires et l’impression lancinante de courir un marathon sans fil d’arrivée, tous ces éléments ont de quoi saper l’enthousiasme des plus optimistes, il faut bien le reconnaître ! Et pour un professionnel de la santé constamment au front, dans un effort de guerre jamais vu, ce sentiment peut être encore plus facilement exacerbé et être perçu certains jours comme un long chemin de croix.
Malgré tout, je veux spécifiquement prendre le temps de souligner, à ce moment-ci, que du positif il y en a et qu’on peut enfin y toucher. D’abord, on ne le répétera jamais assez, la vaccination fonctionne. Son efficacité parle d’elle-même. On peut donc raisonnablement voir enfin la lumière au bout d’un trop long tunnel. Ensuite, le Québec, il faut le dire, s’en tire mieux jusqu’à maintenant dans cette troisième vague que beaucoup de régions comparables dans le monde.
Et pour terminer, force est de reconnaître que quand viendra le temps de faire le bilan de cette catastrophique pandémie, l’expertise, la polyvalence et l’engagement uniques des médecins de famille québécois devront être soulignés à grands traits. Comme les choses ne seront plus jamais pareilles, un partenariat différent, davantage empreint de solidarité et de sollicitude mutuelles, aura, je l’espère, été scellé avec nos concitoyens durant cette crise inédite. Cela m’apparaît comme une certitude dans un contexte où l’incertitude règne et où peu de choses peuvent être tenues pour acquises.
Le 21 avril 2021
Le président, Dr Louis Godin |