Les saisons se suivent, et à première vue, malheureusement, un air de déjà vu semble trop souvent se pointer à l’horizon. Après une accalmie où nous nous permettions de croire que la pandémie allait s’essouffler pour de bon, la réalité nous rattrape, et cet espoir laisse tranquillement place à la suspicion et à l’appréhension. Alors que l’automne approche, ce scénario semble encore se répéter, à la différence près qu’il est incontestable que le succès de la campagne de vaccination chez nous aura éloigné bon nombre de dangers et de catastrophes du Québec en matière de décès et d’hospitalisations.
En effet, au-delà du discours négatif ambiant, le Québec et le Canada, il faut le rappeler, sont en date d’aujourd’hui parmi les endroits dans le monde où la proportion de gens doublement vaccinés est la plus élevée. Cela ne peut qu’avoir des effets positifs sur notre lutte contre la quatrième vague. Cela dit, difficile de ne pas convenir que toute cette incertitude quasi permanente peut devenir, moralement et physiquement, exténuante et décourageante à la longue, en particulier pour les professionnels de la santé. Savoir que nous serons encore exposés à des tâches exceptionnellement exigeantes dans un environnement encore inconnu à certains égards (des CDE resteront-elles ouvertes finalement, des infirmières seront-elles de retour en GMF, les téléconsultations devront-elles à nouveau être priorisées, etc.) est loin d’être idéal, et c’est le moins qu’on puisse dire !
Telle est notre réalité en 2021, et nous devons l’accepter. Souhaitons simplement que l’équipe gouvernementale en place et les faiseurs d’opinions médiatiques sachent faire la part des choses eux aussi et se donnent la peine de bien analyser la réalité à laquelle sont confrontés les omnipraticiens avant de porter un quelconque jugement sur leur travail. N’empêche qu’il demeure prévisible que la prise en charge des patients orphelins soit un enjeu important cet automne étant donné le nombre élevé de Québécois inscrits au GAMF. Un nouvel effort de guerre sur ce plan demeurerait d’ailleurs le bienvenu, car force est de constater que trop de Québécois attendent d’être pris en charge, même si cela s’explique en raison de notre présence partout dans le réseau de la santé, la pandémie et une pénurie de médecins de famille.
L’automne qui vient sera donc une autre saison exigeante où nous devrons tous encore marcher sur une ligne de fer d’une certaine façon. Après 18 mois de pandémie et de contraintes, il va sans dire que la coupe est pleine, mais la réalité est implacable, et notre seule option est de nous serrer les coudes collectivement et de continuer à accompagner au meilleur de nos capacités nos concitoyens dans cette tempête jamais vue. Que ce soit en prenant en charge des patients orphelins, en offrant davantage de disponibilités en sans rendez-vous, en effectuant quelques quarts de travail supplémentaires en établissement, en donnant un coup de main dans un autre milieu de soins ou encore simplement en rassurant nos concitoyens sur les bienfaits immenses de la vaccination, je suis convaincu que nos concitoyens sauront être reconnaissants si nous pouvons en faire simplement un peu plus, encore une fois. //
Le 19 août 2021
Le président, Dr Louis Godin |