départ de la Dre Lucile Martin, présidente
C’était au début de l’année 2008. Le Dr Louis Godin venait tout juste d’être élu à la tête de la FMOQ. À l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-du-Sud (AMOCS), la Dre Lucile Martin, elle, était choisie présidente. La médecin avait toujours aimé les responsabilités. Elle trouvait, en outre, important de s’engager sur le plan syndical. « Parce qu’ensemble, on est plus fort. Ensemble, on voit plus loin et on va plus loin », explique-t-elle.
Presque quatorze ans plus tard, tout comme le Dr Godin, la Dre Martin quitte la direction de son organisme. « Il est temps de laisser la place à d’autres », estime-t-elle. La présidente sortante est par ailleurs satisfaite du travail accompli. Avec l’aide de son conseil d’administration, elle a offert différents services à ses membres : bottin des médecins de la région, site Internet, rencontre avec les nouveaux facturants, hommages aux nouveaux retraités et organisation d’un congrès en dehors de la région.
La Dre Martin et ses collaborateurs ont également réussi à intéresser les médecins de famille à l’AMOCS. L’équipe a même mis au point une formule originale pour attirer les jeunes médecins, qui sont souvent aussi de jeunes parents.
Ainsi, depuis 2015, l’association organise chaque année, en février, son congrès de formation au manoir Richelieu. Un événement aussi excitant pour les grands que pour les petits. Toute la famille arrive le jeudi soir. Une activité familiale d’accueil est alors prévue. Les enfants reçoivent même un petit cadeau. Le vendredi et le samedi matin, pendant que conjoint et enfants s’amusent, les parents médecins assistent aux formations médicales et à une conférence syndicale. « Il y a également un exposé sur la santé mentale et la santé physique des médecins à laquelle les conjoints sont invités. Il m’apparaissait extrêmement important d’aborder ce sujet », affirme la présidente sortante. Durant le séjour, un souper est organisé pour les parents et un autre, avec une mascotte, pour les enfants. Toute la famille peut rester jusqu’au dimanche pour faire du ski, du traîneau, du patin ou de la randonnée.
Ce congrès est très couru. « Les médecins qui ont participé à l’assemblée générale annuelle à l’automne ont priorité au moment de l’inscription », précise la Dre Martin. Chaque année, au moins soixante-dix omnipraticiens assistent à l’assemblée générale et une cinquantaine, au congrès de formation.
En tant que présidente, la Dre Martin a connu des périodes houleuses sur le plan syndical, comme en 2014 avec le projet de loi 20 et, plus récemment, avec la pandémie. « Dans les deux cas, les médecins, qui déjà étaient stressés, subissaient une pression importante », se rappelle-t-elle. Mais il y a aussi eu de bons moments. La présidente sortante se souvient de la participation des médecins aux activités de l’association, de leurs bons commentaires et de l’engagement des membres du conseil d’administration. « On se rend compte qu’ensemble, on peut faire évoluer la pratique médicale », dit l’omnipraticienne.
« La Dre Martin avait un bon leadership et était une rassembleuse, affirme le Dr Yvan Mathieu, nouveau président de l’AMOCS. Elle répondait aux appels et aux besoins des médecins de notre région. Elle a su renouveler notre conseil d’administration en transmettant sa passion. »
Plusieurs défis attendent l’association, selon la Dre Martin. « Je pense qu’il faudra conserver le lien avec les médecins de la région et s’intéresser activement aux enjeux des prochaines années. » L’ex-présidente reste préoccupée par la santé mentale et physique de ses collègues. « Des médecins m’écrivent pour me dire qu’ils sont au bord de la rupture, parce que les exigences à leur égard sont trop nombreuses. Le Programme d’aide aux médecins du Québec reçoit d’ailleurs beaucoup de demandes. »
Comment bien faire face à l’avenir ? « Je pense que les valeurs que l’on devra promouvoir sont la compétence, l’empathie et la bienveillance. Si l’on est capable de les respecter, je crois que l’on va passer à travers ce qui nous attend. » //
Exerçant la médecine familiale depuis plus de trente-cinq ans, le nouveau président de l’AMOCS, le Dr Yvan Mathieu, veut insuffler à sa région un vent de changement en collaboration avec son conseil d’administration. « Il faut bonifier nos services, revoir nos façons de faire, être créatif. On doit modifier nos manières de procéder pour donner un meilleur service aux patients », estime-t-il.
Lui-même chef du GMF Nouvelle-Beauce, à Sainte-Marie, le Dr Mathieu expérimente trois projets pilotes dans sa propre clinique. Tous reposent sur la collaboration interprofessionnelle. Ainsi, une infirmière praticienne spécialisée et un médecin du GMF offrent leur aide à des infirmières cliniciennes, de la clinique ou du CLSC, pour le suivi des clientèles particulières.
L’un de ces projets est destiné aux bébés sans médecin de famille. Un deuxième porte sur la santé des femmes et s’adresse à celles qui ne sont pas inscrites et le troisième concerne les soins à domicile. « On pourrait étendre ces projets aux autres GMF de notre région », explique le Dr Mathieu.
En tant que nouveau président, le médecin compte également s’assurer que les ententes entre les GMF et les CISSS sont respectées, en particulier en ce qui a trait aux ressources professionnelles. Mais si les établissements ne peuvent pas fournir de personnel à cause de la pénurie ? « Ils pourraient alors verser aux GMF une somme qui leur permettrait de faire appel à des professionnels du secteur privé ou travaillant dans d’autres milieux. Je ne pense pas que les cliniques doivent prendre en charge tous les professionnels, mais un modèle mixte pourrait être intéressant », affirme le Dr Mathieu. Le nouveau président veut par ailleurs maintenir la bonne collaboration qui existe entre les GMF et les CISSS.