des projets pour améliorer l’accès des patients aux soins
Le nouveau président de l’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec, le Dr Guillaume Charbonneau, désire promouvoir plusieurs projets pour améliorer l’accès des patients à la première ligne. Mais l’un des obstacles est le projet de loi no 11.
M.Q. — Comme président, quels sont vos projets pour cette année ? |
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G.C. – Nous avons plusieurs projets concernant l’amélioration de l’accès des patients à la première ligne. L’année 2022, cependant, est très particulière. Nous sommes encore en pandémie, ce qui nous force à réviser nos plans et à nous ajuster aux besoins les plus urgents. Comme omnipraticiens, nous devons constamment réorganiser notre travail à cause des priorités créées par la situation épidémiologique. Mais il y a également un autre facteur : le projet de loi no 11. La voie qu’a choisie le gouvernement et le ministre de la Santé a semé beaucoup de mécontentement chez les médecins de famille. Leur sentiment d’incompréhension et leur impression d’être méprisés vont rendre la réalisation de nos plans plus difficile. J’espère qu’on sera en mesure de rétablir un climat de collaboration avec le ministère, entre autres pour faciliter l’accès aux soins de première ligne. |
M.Q. — Quelles améliorations voulez-vous apporter ? |
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G.C. – Il y a deux grands défis : accroître l’accès à la première ligne en général et trouver des solutions pour les patients qui n’ont pas de médecin de famille. L’un des problèmes actuellement, c’est qu’il n’y a pas assez de médecins de famille pour répondre à toute la demande. Pour offrir un meilleur accès aux soins en attendant que le recrutement en médecine familiale s’améliore et que l’on ait des effectifs médicaux suffisants, il faudrait que les demandes de consultation soient le plus pertinentes possible. L’Association collabore avec le département régional de médecine générale pour mettre en place le projet Accès pertinence. On aimerait le commencer dans l’Outaouais sous peu. Ce projet suscite beaucoup d’espoir parce que, dans le contexte actuel, les médecins de famille ne peuvent pas voir tout le monde. |
M.Q. — Comment comptez-vous procéder ? |
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G.C. – Il faut faire deux choses. La première est d’axer la prise de rendez-vous sur la pertinence d’une consultation avec le médecin de famille. Il faut que l’on ait regardé toutes les autres options et vu si d’autres professionnels ne pourraient pas donner le service au patient avant de le diriger vers un omnipraticien. On espère que le guichet, qui semble avoir bien fonctionné dans les projets pilotes d’autres régions, va permettre de réorienter plusieurs patients, surtout ceux sans médecin de famille, vers d’autres ressources de la collectivité, que ce soit les pharmaciens, les optométristes, les travailleurs sociaux, les psychologues, etc. Bien des problèmes de santé pourraient être traités par d’autres professionnels sans que le patient voie le médecin de famille. La deuxième chose est de s’assurer de la pertinence des rendez-vous donnés avec un médecin de famille. Il faut que son expertise apporte une plus-value pour utiliser au mieux son temps. |
M.Q. — Quelle va être la suite ? |
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G.C. – C’est un projet que l’on veut mettre sur pied à court terme. Toutefois, ce serait plus facile de le faire si le climat de confrontation que l’on vit actuellement avec le gouvernement à cause du projet de loi no 11 était derrière nous. C’est difficile de collaborer quand on se retrouve dans une logique d’affrontement. Pour l’instant, le projet de loi est toujours sur la table. Nous devons donc nous concentrer sur notre réponse ainsi que sur le mécontentement et les inquiétudes légitimes des médecins de famille. Si le gouvernement persiste dans son approche, l’Association aura de la difficulté à mobiliser ses membres. Cependant, si on arrive à une entente, on pourra travailler à améliorer l’accès à court terme en première ligne, tant pour les patients qui ont un médecin de famille que pour ceux qui n’en ont pas, d’ici à qu’ils en aient un. Parce que notre but est aussi de créer un climat favorable pour accroître l’inscription des patients. |
M.Q. — Avez-vous d’autres projets ? |
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G.C. – Nous réfléchissons à plusieurs autres projets. On voudrait aider les médecins de famille, sans augmenter leur charge de travail, à offrir un meilleur accès autant à leurs propres patients qu’à de nouveaux. Nous regardons comment la collaboration avec d’autres professionnels de la santé pourrait leur permettre de le faire plus facilement. On pense entre autres à la façon de mieux travailler avec ceux qui sont déjà dans nos groupes de médecine de famille. On s’intéresse aussi à l’idée d’encourager les médecins de famille à embaucher leur propre personnel. Ceux qui ont engagé des infirmières, que ce soit des auxiliaires, des techniciennes ou des cliniciennes, sont tous très satisfaits. Ces professionnelles les ont aidés non seulement à offrir un meilleur accès aux soins à leurs propres patients et souvent à en prendre de nouveaux, mais aussi à améliorer leur qualité de vie professionnelle. Il y a également un autre volet qui peut être intéressant. Il faudrait peut-être revoir la façon dont on donne des rendez-vous. On doit favoriser entre autres les consultations à court terme pour répondre aux urgences de nos patients, mais peut être aussi des gens qui n’ont pas de médecin de famille. Cette façon de faire porte plusieurs noms : l’accès adapté, l’accès à très court terme, l’accès en 36 ou en 72 heures. |
M.Q. — Quelle est la solution la plus prometteuse ? |
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G.C. – Si on veut donner un meilleur accès en première ligne et surtout inscrire davantage de patients, il faut explorer toutes les pistes. Il n’y aura pas de solution magique tant qu’on n’aura pas de nouveaux médecins. Et le climat pour le recrutement en médecine de famille depuis dix ans n’a pas été bon. Beaucoup de postes en résidence sont restés vacants. Dans les prochaines années, on va donc manquer d’omnipraticiens. Il n’y aura pas qu’une seule solution qui va nous permettre de nous en sortir en attendant les renforts. Il faut envisager tous les outils possibles. Et tous ne conviendront pas à tous les médecins de manière similaire. Mais si certains en adoptent, il va y avoir un effet sur l’ensemble de l’offre. |
M.Q. — Pensez-vous qu’il sera facile d’appliquer ces solutions ? |
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G.C. – Je crois que la pandémie nous a montré que les médecins de famille ont la capacité d’adapter leur travail pour répondre aux besoins changeants du système de santé. À cause du virus, ils ont dû offrir toutes sortes de soins qu’ils ne donnaient pas avant, dans des contextes inhabituels comme les unités COVID et les résidences de personnes âgées où il n’y avait pas de structure de soins et où il y avait des éclosions. Ils ont donc une grande capacité d’adaptation. // |