effet nocebo et symptômes non liés au vaccin
Parmi les symptômes qui apparaissent après la première dose de vaccin contre la COVID-19, seulement 24 % seraient réellement attribuables au produit. À la seconde dose, le vaccin ne serait responsable que de 48 % des problèmes qui se manifestent.
Aux États-Unis, la Dre Julia Haas et ses collaborateurs, qui sont parvenus à ces chiffres, ont analysé les données des participants qui recevaient le placebo dans les études sur les différents vaccins contre la COVID-191. La méta-analyse qu’ils ont effectuée comportait douze essais cliniques à répartition aléatoire comprenant 45 380 participants.
Les chercheurs ont constaté que dans les groupes témoins, 35 % des sujets ont présenté des symptômes indésirables généraux et 16 %, des symptômes locaux au cours des sept jours qui ont suivi la première dose.
Parmi les symptômes les plus fréquents, se trouvaient :
h les maux de tête (19 %) ;
h la fatigue (17 %) ;
h des douleurs musculaires (9 %) ;
h un malaise (8 %) ;
h des douleurs articulaires (7 %).
Après la seconde dose, le pourcentage de symptômes tant généraux que locaux était un peu plus faible (tableau).
Dans le groupe qui a vraiment reçu le vaccin, les participants ont naturellement été plus nombreux que les sujets témoins à présenter des symptômes après l’immunisation. Ainsi, 46 % ont eu des symptômes généraux après la première dose et 61 %, après la deuxième (tableau).
Après avoir mis en parallèle les groupes témoins et expérimentaux, la Dre Haas et son équipe concluent qu’un grand pourcentage des manifestations cliniques des sujets vaccinés étaient des « réponses nocebos », la version négative de l’effet placebo. « Le rapport entre les volets placebo et vaccin de l’étude montrent que les réponses nocebos comptent pour 76 % des symptômes indésirables généraux après la première dose de vaccin contre la COVID-19 et pour 51,8 % après la seconde dose » (tableau).
Mais est-ce bien l’effet nocebo qui a causé ces problèmes ? Médecin-chef de l’unité d’immunisation à l’Institut national de santé publique du Québec, le Dr Gaston De Serres estime que ce n’est probablement pas le cas.
« La grande majorité de ce qui arrive dans le groupe témoin ne vient pas d’un effet placebo, explique le médecin épidémiologiste. Si on prend 1000 personnes et qu’on leur demande : “Aujourd’hui, qui a commencé à avoir mal à la tête ? Qui a eu de la fièvre ? Des douleurs articulaires ?”, plusieurs vont signaler un problème. Dans les études, le placebo sert à déterminer la fréquence de base des problèmes que l’on voit dans la population. »
Le placebo en tant que tel n’engendrerait donc pas les symptômes qui apparaissent après l’intervention. « C’est vrai qu’il y a des gens qui se sentent mal après avoir reçu une injection de solution saline, mais c’est la minorité. Dans la grande majorité des cas, ce qui arrive après une injection est causé par les autres phénomènes qui affectent notre vie et qui font, par exemple, qu’aujourd’hui on commence une maladie. »
Il reste cependant que les trois quarts des symptômes que présentent les patients après la première dose ne seraient pas imputables au vaccin lui-même. Ce serait également le cas de la moitié des problèmes ressentis à la suite de la deuxième dose. EN
1. Haas J , Bender F, Ballou S et coll. Frequency of adverse events in the placebo arms of COVID-19 vaccine trials: a systematic review and meta-analysis. JAMA Netw Open 2022 ; 5 (1): e2143955.