réduire la possibilité d’accouchement prématuré
Qu’est-ce qui est le plus efficace pour prévenir un accouchement prématuré spontané chez une femme ayant une grossesse à risque élevé ? La progestérone vaginale, la progestérone par injection, le cerclage ?
Réponse : la progestérone vaginale. C’est ce qu’ont conclu des chercheurs britanniques, la Dre Angharad Care et ses collaborateurs, qui ont comparé dans une méta-analyse l’efficacité de toute une gamme de traitements : le repos au lit, le cerclage cervical, le pessaire, les huiles de poisson ou les acides gras oméga-3, des suppléments nutritionnels comme le zinc, la progestérone (par voie intramusculaire, orale et vaginale), la prise prophylactique d’antibiotiques ou de tocolytiques, une association d’interventions, un placebo et l’absence de traitement1.
La Dre Care et son équipe ont analysé 61 essais cliniques à répartition aléatoire portant sur des patientes enceintes ayant une grossesse à risque élevé, c’est-à-dire présentant un col utérin court ou des antécédents d’accouchement prématuré. Les chercheurs ont constaté que parmi toutes les mesures, la progestérone vaginale était associée – selon un niveau de preuves élevé – à l’un des plus faibles nombres d’accouchements spontanés avant 34 semaines par rapport au placebo. Elle était également la seule à présenter une réduction claire des décès périnatals. Le cerclage, pour sa part, permettait de réduire de manière très importante le nombre d’accouchements prématurés, mais la qualité des preuves était faible.
Au Québec, les médecins qui s’occupent des grossesses à risque prescrivent déjà depuis un certain temps de la progestérone vaginale aux patientes ayant un col court. C’est d’ailleurs l’une des recommandations de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Y a-t-il alors de la place pour des traitements comme le cerclage ? « Certainement. Ce matin, nous en avons fait trois », affirme le Dr François Audibert, gynécologue-obstétricien au CHU Sainte-Justine.
Comment alors savoir quel est le traitement le plus adéquat ? « On peut proposer une échographie pour mesurer le col de l’utérus à toutes les femmes enceintes, ou du moins à celles qui sont à risque, indique le spécialiste. Si le col fait plus de 25 mm, on ne conseille rien de particulier. S’il est inférieur à 25 mm, on recommande de la progestérone vaginale. Si le col est très court, c’est-à-dire s’il mesure moins de 10 mm, selon nous, le cerclage est probablement supérieur à la progestérone. »
La méta-analyse britannique, pourtant, indique que le niveau de preuve pour le cerclage était faible. « À mon avis, les données scientifiques sont moins solides pour des raisons méthodologiques, et non pas à cause d’un manque d’efficacité de cette méthode. C’est toujours plus compliqué de faire des études à répartition aléatoire pour des interventions chirurgicales. Il y a aussi moins de patientes qui ont des indications pour le cerclage que pour la progestérone », explique le Dr Audibert, également professeur à l’Université de Montréal.
D’autres choix pourraient éventuellement s’offrir aux médecins et à leurs patientes à risque. Le pessaire, par exemple, fait l’objet d’une étude canadienne à répartition aléatoire dirigée par un chercheur de l’Université de Sherbrooke, le Dr Jean-Charles Pasquier. Cette méthode pourrait ainsi peut-être un jour être employée en plus de la progestérone. //
1. Care A, Nevitt S, Medley N et coll. Interventions to prevent spontaneous preterm birth in women with singleton pregnancy who are at high risk: systematic review and network meta-analysis. BMJ 2022 ; 376 : e064547. DOI : 10.1136/bmj-2021-064547.