Une nouvelle entité : « l’agence Santé Québec »
À la fin de novembre, l’association de Montréal a tenu son assemblée générale à laquelle ont été conviés le ministre de la Santé et le président de la FMOQ.
D’ici un an, le Québec devrait être doté d’une nouvelle entité : « l’agence Santé Québec ». « Vous allez en entendre beaucoup parler en 2023 », a annoncé le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé, invité par l’Association des médecins omnipraticiens de Montréal (AMOM) à ouvrir l’assemblée générale annuelle de l’organisme.
La nouvelle structure sera créée par un projet de loi prévu en février pour réformer le réseau de la santé. « Si j’avais à résumer l’objectif que l’on a, c’est d’être capable de séparer le Ministère et les opérations. Le Ministère s’occuperait de plus en plus des objectifs et des orientations et le réseau, des opérations. Cela a l’air théorique, mais cela a énormément d’applications. On l’a vu avec la vaccination. Avant, la Santé publique s’occupait de la vaccination. Moi, j’ai ramené la vaccination du côté des PDG purement ‘‘opérationnels’’. Et la Santé publique, qui était toujours dans le Ministère, indiquait quelles personnes devaient être vaccinées », a expliqué le ministre.
M. Dubé a parlé pour la première fois de cette transformation pendant la campagne électorale. Au cours d’un deuxième mandat, avait-il indiqué, la Coalition Avenir Québec (CAQ) confierait la coordination des opérations du système de santé à la future agence Santé Québec. Une mesure qui favoriserait la décentralisation. « Les décisions et les opérations se feront plus près du terrain, par des gestionnaires aguerris. Les PDG auront la légitimité d’agir en fonction des réalités propres à chaque région et établissement », avait indiqué le communiqué de presse de la CAQ en août dernier.
Cette division des tâches devrait être plus efficace, a estimé M. Dubé. « Souvent, le Ministère va entrer dans les opérations, et il faut changer ça. » Le ministre devrait déposer son projet de loi au début de l’année. « Il va y avoir une commission parlementaire pour une mise en œuvre qui aurait lieu quelque part à l’automne 2023. Vous allez avoir le temps d’en parler. Vous allez être invités en commission parlementaire », a-t-il annoncé aux médecins de famille. C’est d’ailleurs pour effectuer ces changements que l’élu, qui a l’âge de la retraite, dit être revenu en politique.
Parallèlement, le ministre Dubé compte augmenter le nombre d’étudiants en médecine. « Quand on est arrivé en 2018, il y avait un nombre stable de médecins qui avaient été formés. On a fait passer ce nombre de médecins de 800 à 1000 depuis qu’on est arrivé. Je veux le faire monter jusqu’à 1300. C’est l’engagement que l’on est en train de prendre avec les facultés. »
M. Dubé s’est par ailleurs félicité de sa bonne collaboration avec les médecins de famille. Elle est essentielle pour permettre la transformation du réseau de la santé, a-t-il mentionné. La pandémie a aussi ouvert de nouvelles possibilités. « On peut se servir de cette crise-là pour faire des changements beaucoup plus rapides qu’on pouvait le faire. Le plus bel exemple est la prise en charge des patients par quelqu’un d’autre qu’un médecin de famille. Aujourd’hui, on peut le faire parce que les gens n’ont pas d’autre choix. On a aussi accepté des choses comme la télésanté à laquelle on ne pouvait pas penser avant. »
L’inscription collective fonctionne bien à Montréal. « Nous avons dépassé les cibles d’inscription collective fixées par le FMOQ », a annoncé le Dr Michel Vachon, président de l’AMOM. Au 30 septembre, les omnipraticiens de Montréal avaient inscrit collectivement quelque 99 000 personnes et allaient ainsi au-delà de leur cible du 31 décembre 2022, et même de celle du 31 mars 2023 qui est de 94 500.
Pour l’inscription individuelle, la situation est un peu plus difficile. Le défi est par ailleurs important : 22 % de tous les patients à inscrire au Québec habitent la métropole. Il y a donc 1 851 751 personnes à prendre en charge. Les médecins montréalais en ont inscrit 1 640 987 et, normalement, cela devrait donner un taux d’inscription de 89 %. Or, 22 % de ces patients inscrits vivent à l’extérieur de la métropole, ce qui fait chuter à 67 % le taux de Montréalais pris en charge par un médecin de famille. En tout, 70 % des Montréalais sont inscrits individuellement ou en groupe.
La situation pourrait par ailleurs se dégrader. Le Dr Vachon sonne l’alarme depuis des années. Ainsi, dans la métropole, 31 % des médecins de famille inscrivant des patients ont 60 ans et plus. Ils suivent 36 % des patients inscrits et 42 % des patients vulnérables. Dans le reste du Québec, ce groupe d’omnipraticiens plus âgés constitue 21 % des médecins inscripteurs et s’occupe de 25 % des patients inscrits et d’un pourcentage à peine plus élevé de patients vulnérables.
« Dans plusieurs régions du Québec, et surtout à Montréal, on sait depuis des années qu’une vague de retraites nous guette. Là, on est dedans, a expliqué le président de l’AMOM. Les conséquences pour les patients sont difficiles. On a fait passer le message aux instances politiques. » Et il semble avoir été entendu. « J’ai pris l’engagement envers le Dr Vachon d’un meilleur travail sur la question des plans régionaux d’effectifs médicaux », avait confié juste auparavant M. Dubé.
Le président de l’AMOM croit en ses membres. « Les médecins de famille font partie des solutions qui permettront à notre système de santé d’être mieux adapté aux besoins de la population. Par ailleurs, rappelez-vous que la FMOQ, c’est nous. Nous sommes plus de 9700 omnipraticiens au Québec, dont 20 % juste ici, à Montréal. La force des négociations, c’est vous qui l’avez. La force de votre Fédération vient de votre implication. »
Les médecins de famille de la métropole et du reste du Québec ont travaillé fort. Ainsi, depuis juin, plus de 400 000 patients auraient été inscrits collectivement, a indiqué le Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ, venu rencontrer les médecins montréalais. « Et ça, c’est grâce à vous. Ce résultat contribue à assainir le climat. On peut dire à la classe politique, à la population et aux médias que les médecins de famille font partie de la solution. »
Mais pour parvenir à la cible de 500 000 patients inscrits collectivement le 31 mars 2023, il reste encore quelque 80 000 patients à prendre. « À Montréal, vous avez atteint vos cibles, mais il y a encore des patients dans votre guichet d’accès à un médecin de famille, a dit le président de la Fédération aux membres de l’AMOM. J’invite les omnipraticiens qui ont encore de la place à augmenter leur offre de service. Il y a des incitatifs qui viennent avec l’inscription collective. C’est possible pour vous d’engager des infirmières qui vous aideront à parvenir aux cibles. »
Les médecins ont dû s’adapter à beaucoup de changements comme la mise sur pied de l’orchestrateur et du guichet d’accès en première ligne (GAP). « Ces deux outils ne fonctionnaient pas bien. Il faut dire que le GAP et l’orchestrateur n’existent que depuis le mois de juin. Avant, il n’y avait rien. On bâtit ce nouveau système au fur et à mesure. Je vous remercie donc de votre résilience et de votre compréhension. Je pense qu’il est important de travailler dans le bon sens et de participer à cet effort pour améliorer l’accès à la première ligne. » //