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Association de la Côte-Nord

Le Dr Pierre Gosselin laisse la présidence

Élyanthe Nord  |  2023-11-01

Après 23 ans à la tête de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord (AMOCN), le Dr Pierre Gosselin a décidé de faire place à la relève. Il avait, par ailleurs, atteint les objectifs qu’il s’était fixés.

Pierre Gosselin

Ses buts comme président ? Entre autres, obtenir des mesures pour attirer et retenir les omnipraticiens dans les régions éloignées. Derrière son air d’éternel étudiant et son humour contagieux, le Dr Gosselin a une détermination de fer.

L’une de ses plus belles réalisations : sa contribution à la création d’importants forfaits d’installation pour les médecins s’établissant dans des régions en grave pénurie d’effectifs. L’histoire commence un peu avant la pandémie. Trois villes avaient alors désespérément besoin de médecins : Les Escoumins, Forestville et Port-Cartier. Le président de la FMOQ de l'époque, le Dr Louis Godin, était venu exprès de Montréal avec l’un de ses directeurs pour rencontrer le Dr Gosselin à Sept-Îles. Il fallait trouver une solution. « On a passé toute la journée ensemble à chercher un moyen de donner un incitatif supplémentaire aux cliniciens qui viendraient dans ces endroits-là », explique le Dr Gosselin. L’idée retenue a mené à la négociation avec le gouvernement de la lettre d’entente 351.

Cet épisode a été l’un des grands moments de la vie syndicale du médecin. « On est seul avec le président de la Fédération et on arrive à construire une entente. » L’accord s’est appliqué à la Côte-Nord, mais aussi à d’autres régions.

Mieux retenir les médecins en région éloignée

Le Dr Gosselin avait un autre objectif avant de laisser la présidence. Il voulait la même majoration liée à la pratique en région éloignée pour les tarifs en cabinet et en établissement. Son souhait s’est réalisé en 2022 grâce à la lettre d’entente 372, qui découle de l’entente sur l’accessibilité.

« Les quatre autres présidents des régions éloignées et moi avions eu plusieurs rencontres avec le Dr Godin, mais le dossier n’avançait pas. Il n’y avait pas d’ouverture de la part du gouvernement. C’est finalement l’inscription collective qui a permis le déblocage. On demandait aux médecins de s’investir en inscrivant collectivement des patients, mais en région on leur offrait un pourcentage de rémunération moindre que lorsqu’ils exerçaient en établissement. Cela devenait contradictoire. » L’entente 372 prendra toutefois fin en 2024.

Au tout début de la présidence du Dr Gosselin, il y a aussi eu la bataille contre le retrait de la rémunération différenciée. « Les médecins de Montréal étaient payés 70 % du tarif alors que nous, en région, avions 115 %. Le président de la Fédération de l’époque voulait abolir cette différence. »

Les présidents des associations des régions éloignées, dont le Dr Gosselin, craignaient de ne plus pouvoir attirer de nouveaux médecins sur leurs territoires. « On a réussi à faire passer une résolution au conseil pour que la FMOQ revoie toute la rémunération différenciée afin de favoriser non seulement le recrutement, mais aussi le maintien des médecins dans les régions éloignées. C’est de ça qu’a découlé la première partie de l’Annexe 12. »

Depuis, à partir de la quatrième année d’installation, les médecins des zones éloignées ont une première augmentation additionnelle de 5 % et une seconde à partir de la vingtième année. « Cette mesure les encourage à rester en région », affirme le président sortant. Une victoire importante.

Le Dr Guillaume Lord, nouveau président de l’AMOCN, lui, se souvient de la signature de l’entente sur les urgences en grave pénurie d’effectifs médicaux pour laquelle le Dr Gosselin a fait des pressions. « Plutôt que de fermer l’urgence quand on n’arrive vraiment pas à trouver de médecins, on demande aux infirmières de prendre le relais, et un médecin reste de garde à la maison », explique-t-il.

Le Dr Gosselin, qui est maintenant vice-président de l’association, s’est donc beaucoup battu pour la médecine familiale en région éloignée. Il aime profondément sa profession. « La médecine familiale est comme une belle fleur dans un champ de mauvaises herbes. Tous les éléments irritants, que ce soit la paperasse qui s’accumule, le temps d’attente pour les rendez-vous en spécialité, pour les plateaux techniques, pour les consultations avec les autres professionnels de la santé ou le manque de soutien, cachent cette fleur. Si on réduit tous ces problèmes, on va redorer le blason de la médecine familiale. Cette spécialité constitue une pratique vraiment très intéressante. » //