Les ateliers de réflexion sur l’évolution du modèle d’organisation des soins en première ligne sont bien amorcés. Nous sommes ravis de constater le vif intérêt des médecins de famille à l’endroit de l’exercice. Vos idées, vos préoccupations et votre engagement se retrouvent au cœur de ce processus.
Le leadership des médecins de famille du Québec est crucial pour l’avenir de notre profession. Ce travail collectif va bien au-delà de l’organisation de notre quotidien. Il touche au bien-être de nos patients, à notre autonomie professionnelle et à la pérennité même de la pratique. Si un modèle amélioré doit inévitablement avoir un impact direct sur nos modes de rémunération ou nos conditions de pratique, mieux vaut nous organiser avant de « nous faire organiser ».
Ce chantier ambitieux peut, certes, bousculer certaines perceptions et habitudes. Nous sommes conscients que la façon et le ton avec lesquels les consultations ont été entamées n’étaient pas adéquats. J’en profite pour réitérer à quel point il n’y a — et n’y avait — rien de définitif dans ce modèle en construction et que les médecins de famille seront consultés tout au long des étapes charnières du processus.
Nous savons que vous faites face à d’énormes pressions. La pénurie de médecins de famille, estimée à au moins 1500 ETP, conjuguée à des besoins populationnels croissants et aux propos dévalorisants sur notre pratique, est une réalité que nous ne pouvons ignorer. La réorganisation qui sera un jour suggérée ne vise pas à en exiger davantage de vous, mais plutôt à nous permettre de faire mieux. En innovant et en optimisant les ressources existantes, nous pouvons construire ensemble des solutions qui auront un effet positif et durable sur nous et sur nos patients. Il s’agit d’assurer un leadership susceptible de transformer la première ligne de manière courageuse et pérenne. J’y crois.
Les travaux entrepris depuis 2023, en collaboration avec de nombreux médecins de famille engagés, mais aussi avec le professeur Jean-Louis Denis et la doctorante Shoghig Téhinian, reposent sur les meilleures pratiques des systèmes de santé internationaux. Les constats de ces travaux alimentent les ateliers de réflexion que nous tenons actuellement de concert avec vous.
Depuis le début de ces consultations automnales, la FMOQ et les médecins du terrain ont su s’appuyer sur la communication ouverte et la collaboration. Vous avez exprimé des points fondamentaux, qui ont affiné la réflexion. Je vous en remercie. Grâce à ces échanges, des principes clés ont émergé et ont donc été intégrés aux travaux en cours.
La FMOQ s’est engagée à poursuivre ces consultations jusqu’en 2025. Une fois cette première phase terminée, un webinaire suivra pour nous permettre d’approfondir les pistes les plus prometteuses. Notre objectif est d’en arriver à un consensus solide au sein des membres de la Fédération.
Au cours de la dernière année, malgré notre désir de collaborer et notre bonne foi, le gouvernement a parfois choisi la voie de la confrontation. Il devient d’autant plus essentiel que nous prenions les devants. L’entente sur l’accès aux services médicaux de première ligne, à laquelle nous avons contribué de manière proactive, a montré l’effet positif de notre leadership. Les changements durables que sont l’inscription collective et la collaboration interprofessionnelle n’étaient qu’un premier pas. Nous devons continuer à avancer malgré l’adversité.
Agissons avec aplomb et courage pour nos patients, pour l’avenir de notre profession et, oui, pour nous aussi. C’est en collaborant que nous réussirons à bâtir un avenir où la médecine familiale pourra non seulement survivre, mais s’épanouir pour le bien de tous.
Et avançons ensemble. C’est l’unique moyen par lequel nous y arriverons.
Le 15 octobre 2024
Dr Marc-André Amyot |