Éditorial

Pour un réseau plus agile et collaboratif

crise dans les urgences

Marc-André Amyot  |  2024-01-23

Dans l’éditorial de juin 2023 consacré à la crise dans les CHSLD, je revenais sur les causes structurelles de cette conjoncture critique et « prévisible », tout en invitant les autorités à trouver des solutions durables. En cette période hivernale, j’éprouve un sentiment similaire. Si la crise actuelle dans les urgences met à rude épreuve les équipes de soin qui travaillent avec cœur, une meilleure planification ainsi que plus d’agilité et de collaboration auraient pu et pourraient, à l’avenir, nous éviter de revivre cette situation prévisible.

Malgré une grave pénurie d’effectifs estimée par le ministère à au moins 1200 médecins de famille, nous avons inscrit collectivement près de 900 000 patients dits orphelins au cours de la dernière année et demie. Cette crise aurait pu être encore pire si nous n’avions pas mis en œuvre avec autant d’aplomb l’entente sur l’accès aux soins. Cela dit, nous devons continuer à travailler activement pour un meilleur accès à la première ligne et pour améliorer la fluidité dans le réseau.

Propositions de la FMOQ

Les causes de la crise dans les urgences sont claires : trop grand nombre de patients en attente sur civière, manque flagrant de lits d’hospitalisation, attente trop importante vers un lieu d’hébergement ou de réadaptation et déficit de personnel aux endroits clés.

Les médecins de famille — qui ne sont certainement pas à blâmer pour cette crise hospitalière fort préoccupante — doivent faire partie de la solution. D’ailleurs, vous avez été nombreux à être proactifs en offrant des plages supplémentaires en accès adapté, au GAP ou pour les patients P4 et P5 provenant des urgences, ce qui a permis de réduire d’environ 1000 le nombre de visites par jour aux urgences par rapport à la période prépandémique. En outre, vous êtes au front dans les cliniques d’hiver, dans les urgences et en hospitalisation. Vous faites une réelle différence en cette période difficile.

Du côté de la FMOQ, nous avons formulé des propositions adaptées aux réalités du terrain pour faire face à cette situation et envisager la suite avec plus de sérénité :

  • dépêcher une ressource du GAP dans les urgences les plus congestionnées afin d’orienter les patients vers les bonnes ressources ;
  • ouvrir davantage de cliniques d’hiver, selon les besoins et les contextes ;
  • moduler l’offre des plages de rendez-vous du GAP en fonction des saisons ;
  • ajouter de manière volontaire des plages de rendez-vous à la ligne 811 pour les patients inscrits individuellement ;
  • lever le plafond de rémunération trimestriel, notamment en « consultation sans rendez-vous » ;
  • favoriser le respect des contrats des GMF par les établissements et l’octroi des ressources adéquates en première ligne ;
  • accroître la collaboration interprofessionnelle et la participation des autres professionnels du réseau en première ligne (optométristes, dentistes, physiothérapeutes, pharmaciens, IPS, etc.).

Nous offrons encore une fois notre entière collaboration au gouvernement pour la mise en application de solutions durables pour le bien de la population.

Vers une retraite progressive

Depuis plusieurs mois déjà, la FMOQ est en pourparlers actifs avec le Collège des médecins et le MSSS afin d’assouplir certaines règles pour les médecins de famille qui souhaitent diminuer la cadence de manière progressive en prévision de leur retraite ou pour des motifs de santé, tout en respectant leur code de déontologie. Et nous y sommes parvenus ! Un guide d’accompagnement a été préparé et sera diffusé dès que le formulaire de la RAMQ sera terminé. La Fédération tiendra par la suite un webinaire afin de favoriser l’application de ces nouvelles mesures dès 2024.

Parallèlement à ces travaux, nous sommes toujours en action afin de réduire la lourdeur administrative et d’accroître la valorisation de la médecine de famille. Nous croyons fermement que ces éléments sont primordiaux pour favoriser l’attractivité de la profession ainsi que le mieux-être et la rétention des médecins dans leurs milieux.

 

Le 23 janvier 2024

Marc-André Amyot

Président de la FMOQ,
Dr Marc-André Amyot