Éditorial

Nous souhaitons nous battre aux côtés du gouvernement, et non contre lui

Marc-André Amyot  |  2024-06-27

Les rebondissements printaniers nous ont semblé quelque peu irréels. Malgré l’amélioration constatée de l’accès au réseau, le gouvernement a fait le choix de la confrontation. Tout d’abord, en décidant unilatéralement de ne pas renouveler l’Entente sur l’accès aux soins, puis en utilisant un langage guerrier pour s’adresser à nous par la voie des médias. Malgré tout, la FMOQ et les médecins de famille se sont élevés au-dessus de la mêlée et ont conclu, à la mi-juin, une entente passerelle avec le ministère au sujet du GAP. Nous avons agi de manière responsable pour le bien de la population.

Au cours de cette période, le gouvernement a affirmé être « prêt à se battre », « à forcer » et « à tenir tête » à la Fédération et à ses membres. Après avoir démontré toute notre volonté d’agir pendant et après la pandémie, paraphé une entente qualifiée « d’historique » en 2022 et dépassé les cibles de près du double, nous trouvons cette logique plutôt tordue et complètement contre-productive. En quoi les médecins de famille seraient des ennemis, et comment améliorer l’offre de services dans un tel climat ?

En effet, malgré une pénurie d’effectifs évaluée à au moins 1500 médecins de famille et un manque de valorisation de la pratique, nous avons inscrit collectivement près d’un million de patients orphelins dans le cadre de l’Entente 2022-2024. L’un des effets observés a été une baisse marquée des cas mineurs dans les urgences. Nous avons sans aucun doute prouvé que nous faisions partie de la solution et qu’investir en première ligne est une clé de la réussite.

Entente « passerelle »

Nous continuons de le marteler. Nous devons nous diriger vers un modèle d’organisation des soins plus efficace, davantage axé sur la pertinence et mieux adapté aux réalités d’aujourd’hui. C’est précisément dans cet esprit que nous avons récemment conclu une nouvelle entente dite « passerelle » et avons plaidé pour le maintien des acquis des deux dernières années, dont l’inscription collective, le GAP et la collaboration interprofessionnelle systémique.

De plus, la FMOQ s’est assuré que ce nouvel engagement demeure sur une base entièrement volontaire, que le nombre de rendez-vous offerts chaque trimestre puisse être adapté, qu’une clause de renouvellement soit ajoutée et que le GAP offre les rendez-vous en priorité aux patients inscrits collectivement, puis aux patients orphelins. Il s’agissait d’éléments fondamentaux pour favoriser l’adhésion du plus grand nombre.

Nous sommes plus que conscients que le GAP nécessite encore des améliorations, notamment en ce qui a trait à la communication entre le guichet et les groupes de médecins et à l’optimisation des trajectoires de soin vers les autres professionnels. Notre équipe mettra l’accent sur ces aspects au comité de suivi.

Toutefois, malgré notre bonne volonté, les interventions récentes du gouvernement ont causé des dommages collatéraux importants. Nous avons constaté que des médecins qui s’étaient retirés du GAP ne comptent pas le réintégrer, du moins pas pour le moment. Plus largement, nous pouvons ressentir qu’une certaine amertume et une méfiance sont palpables sur le terrain. La FMOQ tente de rétablir du mieux qu’elle peut la confiance ébranlée et continue d’en appeler à la collaboration tous azimuts.

Se battre ensemble !

C’est plutôt simple et clair. Il n’y aura jamais d’améliorations majeures et structurantes dans le réseau de la santé sans l’apport des médecins, des travailleurs qui y œuvrent et des différents autres partenaires.

Qui plus est, les médecins de famille et les autres professionnels ont besoin d’un interlocuteur stable, à l’écoute, qui sait les valoriser et qui souhaite se battre avec eux, et non contre eux.

Battons-nous tous ensemble pour accroître l’offre de services de qualité en première ligne !

 

Le 27 juin 2024

Marc-André Amyot

Président de la FMOQ,
Dr Marc-André Amyot