la collaboration
La Dre Anne-Louise Boucher est directrice de la Planification et du développement organisationnel à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Me Pierre Belzile, avocat, est directeur du Service juridique de la FMOQ. |
Il a beaucoup été question des infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne ces derniers mois. On se rappellera notamment que le ministre de la Santé et des Services sociaux, au mois d’avril dernier, a autorisé celles qui travaillent dans des cliniques d’IPS à inscrire à leur nom des personnes enregistrées au guichet d’accès à un médecin de famille, le GAMF.
Cet accès direct au GAMF pour les IPS signifie-t-il qu’elles peuvent prendre en charge n’importe quel patient et en assurer le suivi médical sans la participation de qui que ce soit d’autre ? Voyons de plus près la réalité législative.
En 2021, le gouvernement modifiait la Loi sur les infirmières et les infirmiers de manière à accorder de nouveaux pouvoirs aux IPS. Selon des modalités prévues par règlement, elles peuvent dorénavant, en plus de leurs autres champs de compétences, diagnostiquer des maladies et déterminer des traitements médicaux.
L’article 36.1 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers leur permet donc depuis :
Mais, rappelons-le, selon des modalités déterminées par règlement.
Comme nous venons de le voir, l’exercice des activités décrites à l’article 36.1 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers est conditionnel au respect d’un règlement. Ce règlement est le Règlement sur les infirmières praticiennes spécialisées. Il détermine notamment les conditions que les IPS doivent respecter pour exercer leurs activités.
Aux fins de cette chronique, retenons deux conditions fondamentales prévues par ce règlement :
Selon les lignes directrices de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, cela signifie que la personne qu’évalue l’IPS doit présenter des manifestations cliniques reconnues de la maladie soupçonnée. En présence d’un tel tableau clinique, elle peut poser un diagnostic. Pour une maladie donnée, ces manifestations cliniques reconnues peuvent varier pour certains sous-groupes, comme les nourrissons ou les personnes âgées.
Le champ d’exercice de l’IPS, tout comme son expertise, est donc beaucoup plus limité que celui d’un médecin.
Comme le prévoit le règlement, l’établissement de mécanismes de collaboration est un incontournable pour l’IPS. Il s’agit d’une obligation réglementaire.
Le fait que les IPS peuvent prendre en charge des patients du GAMF ne les dispense donc pas de convenir de tels mécanismes pour le suivi de ces patients, notamment avec les médecins de famille.
Selon le Guide de référence en lien avec la prise en charge par les IPSPL (rédigé conjointement par le ministère de la Santé et l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec) : la collaboration interprofessionnelle constitue un incontournable pour l’IPSPL dans l’exercice de ses fonctions. Cette dernière doit collaborer avec l’ensemble des professionnels qu’elle côtoie, ce qui peut se traduire de différentes façons :
Comme nous venons de le voir, la collaboration avec les médecins de famille demeure inévitable pour les IPS en soins de première ligne. Cette collaboration doit être structurée et devrait s’articuler dans une entente bien circonscrite.