lesquels peuvent faciliter votre vie professionnelle ?
Il existe différents outils numériques utiles pour la pratique médicale. Voici un tour d’horizon de ceux que le Dr Philippe Melanson a testés et recommande.
Quelles sont les meilleures ressources technologiques offertes sur le marché ? Le Dr Philippe Melanson, médecin de famille à la Clinique du Village-GMF Saint-Donat, partage ses recommandations d’outils fondées sur ses expériences personnelles et sur celles de ses collègues.
Pour gagner en efficacité, les omnipraticiens peuvent utiliser des gabarits personnalisables dans le dossier médical électronique. « Dans Myle, vous pouvez modifier chaque gabarit selon vos habitudes », explique le Dr Melanson lors de sa présentation au Congrès des membres de la FMOQ.
Un autre outil qui lui facilite la vie est Phrase Express. Ce dernier permet notamment de créer des raccourcis personnalisés, rendant la saisie de texte beaucoup plus rapide. « En tapant ALT+Z, j’insère ma signature, ALT+E pour “examen physique’’, ALT+S pour “épaule’’, etc. Je peux faire tout cela en parlant au patient », énumère le médecin. Phrase Express s’utilise avec Word, le dossier médical électronique ou encore sur le Web. Dilato, une autre plateforme, fonctionne de la même manière.
Selon le Dr Melanson, l’utilisation de la reconnaissance vocale reposant sur l’intelligence artificielle pourrait être la révolution la plus importante pour les médecins. Plusieurs applications sont offertes sur le marché, en français et en anglais, telles que Nabla, Scriberry, Dragon Medical One et CoeurWay. Ces outils écoutent la conversation entre le médecin et son patient et produisent ensuite un compte rendu structuré selon des points précis, comme le motif de la visite, l’évolution de la maladie et l’examen physique.
Il est essentiel de vérifier les comptes rendus obtenus, prévient l’omnipraticien. Les logiciels de reconnaissance vocale peuvent commettre des erreurs et confondre, par exemple, « rotation du dos normale » avec « rotation du doigt normale ».
Parmi les options offertes, Scriberry est une application que plusieurs médecins apprécient particulièrement. L’application de CoeurWay, une entreprise québécoise, se démarque pour sa part, car elle reconnaît l'accent québécois. Elle a un autre avantage notable : « Les données sont hébergées dans la province et détruites dans les 48 heures. Comme l’entreprise est elle aussi soumise à la loi 25, la gestion des données en est facilitée. Les autres applications hébergent leurs données à l’étranger, ce qui nécessite plus de vigilance et la signature de consentements tenant compte de ce fait. »
Ces applications présentent par ailleurs un inconvénient : elles produisent des formulaires PDF préremplis standardisés (papier de consultation de base) qui ne peuvent être envoyés directement au Centre de répartition des demandes de services. Elles ne sont donc pas encore tout à fait adaptées à la réalité du réseau québécois. Le médecin note que CoeurWay prévoit intégrer des modifications pour fournir des formulaires préremplis en fonction de la clinique ou du service requis localement sur des formulaires locaux.
Le logiciel Navig, de la compagnie Vitrai, suscite beaucoup de curiosité dans le milieu, affirme le Dr Melanson. Mis au point au Québec et utilisant l’intelligence artificielle, Navig aide l’agente administrative de la clinique lorsqu’elle reçoit un appel pour une consultation. Le système l’aide à poser les questions pertinentes au patient et à l’orienter vers le bon intervenant. « En fonction des réponses, le logiciel propose des questions supplémentaires pour préciser la situation. » Navig fonctionne même si la secrétaire possède peu de connaissances cliniques. Une fois l’appel terminé, l’employée peut copier-coller les informations recueillies dans le dossier médical électronique. « Cela prend environ 90 secondes par patient », indique le médecin.
Le logiciel de triage permet également de recueillir des statistiques. Il offre ainsi une vue d’ensemble des besoins de la clientèle. « C’est un outil intéressant pour la planification de l’offre de services. Sachant qu’on a tant de personnes ayant des besoins en santé mentale ou sur le plan musculosquelettique, on peut engager un physiothérapeute ou un professionnel en fonction de nos réalités locales. »
Ce type d’outil peut coûter 30 000 $ la première année pour une clinique de taille moyenne. « C’est une dépense qui ne crée pas de revenus immédiats, mais qui permet d’améliorer la pertinence des rendez-vous et de libérer les médecins », indique le médecin de famille de Saint-Donat.
D’autres outils sont également utiles. Il y a par exemple le stéthoscope électronique EKO, qui permet d’avoir un son plus fort et plus clair que le stéthoscope classique. « On peut écouter autant le cœur que les poumons. Certains modèles ont des électrocardiographes intégrés », indique le Dr Melanson. Les praticiens qui préfèrent employer leur stéthoscope habituel peuvent ajouter un dispositif (Eko CORE™ Digital Attachment) pour obtenir les mêmes fonctions.
La plateforme Nonagon, quant à elle, propose une application couplée à une trousse contenant plusieurs accessoires d’examen (otoscope, abaisse-langue, etc.) pour des patients à distance. « Elle permet d’enregistrer les sons abdominaux, d’avoir des photos de la gorge, de prendre la température, d’écouter le cœur, etc. » Les images sont ensuite envoyées directement au médecin traitant.
Chaque application possède des avantages et des inconvénients. Le Dr Melanson recommande de profiter des essais gratuits pour tester les outils et déterminer celui qui convient le mieux à ses besoins.