286 participants en une décennie
« Déjà 10 ans ! Le programme de mentorat de la FMOQ a été lancé en 2014 afin de faciliter l’intégration des médecins en début de pratique », a expliqué, le 4 juin dernier, la Dre Louise Fugère, responsable du programme, au cours d’une soirée à laquelle ont été conviés les mentors, les mentorés, les responsables du programme et divers collaborateurs de la dernière décennie.
À qui précisément est destiné ce programme ? « Il s’adresse principalement aux médecins de famille ayant moins de cinq ans de pratique, aux résidents en médecine familiale et aux omnipraticiens en transition de carrière », a indiqué la Dre Fugère.
En dix ans, 286 médecins ont pris part au programme, soit 135 mentors et 151 mentorés. Ce qu’ils en ont tiré ? Plusieurs gains, selon les données recueillies. « Pour les mentorés, on a pu comparer les mesures avant et après leur participation, explique Mme Catherine Desautels, coordonnatrice du programme Mentorat FMOQ. Il y a ainsi eu une amélioration significative du bien-être au travail chez les mentorés. Leur détresse psychologique a également diminué : ils présentaient donc moins d’anxiété de performance et géraient mieux leur stress. Les participants avaient aussi acquis un plus grand sentiment d’auto-efficacité. Ils indiquaient, par exemple, avoir une plus grande confiance dans leur méthode de travail et moins ressentir le syndrome de l’imposteur. »
La plupart des jeunes participants ont affirmé que, grâce au mentorat, ils se sentaient mieux préparés à affronter les défis quotidiens de la pratique médicale, avaient pu développer leur autonomie professionnelle, fait des apprentissages concernant l’attitude et le savoir-être et se sentaient moins isolés. « Ils avaient au moins une personne de confiance à qui parler », mentionne Mme Desautels.
Les mentors ont eux aussi gagné dans la relation. La participation au programme leur a permis de mieux comprendre la jeune génération et ses défis, ont-ils indiqué. « Ils ont également parfois pu faire des apprentissages, comme l’acquisition de nouvelles perspectives, de nouvelles façons de voir la médecine ou le monde. Certains en ont tiré des avantages très concrets, par exemple, sur le plan technologique. Les mentors se sentaient aussi utiles en exerçant leur “générativité”, c’est-à-dire en manifestant leur engagement envers la relève, soit en guidant la génération suivante de manière à laisser un legs positif qui s’inscrira dans l’avenir », affirme la coordonnatrice.
C’est dans la tête de la Dre Lise Dauphin, médecin de famille, que le projet de mentorat de la Fédération a germé au début des années 2010. Intéressée par la question, elle a découvert sur Google que l’Université du Québec à Montréal (UQAM) offrait un programme dans ce domaine. Elle rencontre alors la responsable, la Pre Nathalie Lafranchise. « Une fois qu’elle m’a expliqué en quoi consistait le mentorat, j’ai été conquise. C’était le projet que je voulais entreprendre. Mais c’était plus gros que je le pensais », a-t-elle raconté.
La Dre Dauphin, qui s’inscrit au programme de l’UQAM, décide de présenter un projet de mentorat à la FMOQ. L’idée est immédiatement acceptée. « Elle a su s’entourer d’experts dans le domaine, comme Nathalie Lafranchise, professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM et responsable du microprogramme de deuxième cycle en mentorat, et Renée Houde, pionnière du mentorat au Québec et professeure retraitée de l’UQAM », dit la Dre Fugère.
Tout était à bâtir. « Il y avait beaucoup de travail à abattre pour mettre ce programme sur pied. On était un petit groupe pour commencer », relate la Dre Dauphin. Et finalement, en 2014, le projet se réalise : six dyades de mentors et de mentorés sont formées.
Pourquoi avoir créé un tel projet ? « Je voulais donner au suivant le bagage que j’avais acquis pendant près trente ans de pratique. Je souhaitais offrir à la relève mon expérience. Évidemment, le mentorat, c’est de l’accompagnement. Cela signifie qu’on partage, qu’on s’exprime, qu’on écoute, qu’on est empathique et qu’on répond aux questions », affirme la Dre Dauphin, qui a elle-même été mentore.
Le mentorat est une formule efficace de transmission des connaissances. « Sa pertinence n’est plus à prouver. De plus en plus d’organisations de divers secteurs, en santé et autres, mettent en place des programmes, car elles en reconnaissent les nombreux avantages et bienfaits », a expliqué la Pre Lafranchise. La chercheuse voudrait que le mentorat soit intégré dans le plan stratégique de tous les organismes.
« Je rêve du développement d’une culture mentorale au Québec où les relations intergénérationnelles seront facilitées afin de bénéficier des forces de chacune des générations : par exemple, de l’expérience et de la sagesse des uns, de la vivacité et de la créativité des autres. On est tellement meilleur et plus fort collectivement qu’individuellement ! »
Le mentorat fait progresser la collectivité. « Par les valeurs qu’il véhicule, il donne l’espoir d’une société et d’un monde du travail empreints de plus d’entraide, de partage, de générosité et de bienveillance », souligne Mme Lafranchise.
La Fédération compte poursuivre le programme. « Ma présence, ce soir, témoigne de l’importance que la haute direction de la FMOQ accorde à ce programme, a affirmé le Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ. Dans une société en évolution, en révolution, dans un système de santé malade, difficile où on met énormément de pression sur les médecins de famille, ce programme est d’autant plus pertinent. »
Le président souhaite que davantage de mentors et de mentorés recourent à cet outil. « C’est beau de voir tout ce chemin qui a été parcouru. Merci d’avoir fait de ce programme un succès », a-t-il dit aux personnes présentes.