Éditorial

La réalité

Dr Louis Godin  |  2015-09-25

En cette nouvelle ère professionnelle pour les omnipraticiens, qui commence sous le signe du changement et de l’engagement autant pour les médecins que pour l’État, force est de constater que certains acteurs du milieu de la santé (dont certains issus de la profession médicale) continuent de faire abstraction de faits élémentaires et semblent décrochés de la réalité. Dans ce contexte, vous me permettrez de remettre les pendules à l’heure.

D’abord, certains continuent d’accuser la FMOQ d’entraver la mise en place de mesures favorisant le travail interprofessionnel, bien que nous en soyons les plus ardents promoteurs depuis des années ! Nous ne cessons, en effet, de réclamer sur toutes les tribunes la présence d’autres professionnels de la santé dans les cliniques afin d’offrir davantage de soins à nos concitoyens. Infirmières, pharmaciens, psychologues, travailleurs sociaux, nommez-les presque tous, nous voulons travailler avec eux. Leur présence en grand nombre à nos côtés est souhaitée. Prétendre le contraire est donc non seulement inexact, mais totalement farfelu. Ce à quoi s’oppose la Fédération, c’est plutôt le travail en silo des différents professionnels, car cela nous semble contraire à l’intérêt des patients.

L’exemple le plus éloquent ? La création de cliniques autonomes d’infirmières qui ne peuvent avoir comme résultat qu’un travail en silo à l’opposé d’un travail interprofessionnel efficace utilisant à bon escient l’expertise de chacun. Par contre, nous avons toujours été les plus ardents défenseurs des ordonnances collectives qui demeurent, à nos yeux, l’outil par excellence d’une collaboration interprofessionnelle réussie.

Autre exemple, nous avons appuyé plusieurs éléments du projet de loi no 41, notamment ceux permettant aux pharmaciens de prolonger des ordonnances ou de prescrire des médicaments à titre préventif. Nous croyons toutefois qu’il est inacceptable que d’autres professionnels de la santé soient autorisés à faire des prescriptions nécessitant un diagnostic médical. Il en va de la sécurité des patients. Nous croyons également qu’il est insensé que ces autres professionnels soient encadrés par des règles déontologiques différentes et surtout beaucoup plus « souples » que celles régissant la profession médicale en ce qui a trait à la prescription de médicaments et d’examens de laboratoire. Il s’agit ici carrément de deux poids, deux mesures. Nous croyons donc que nos réserves sont fondées et vont dans l’intérêt du public.

Par ailleurs, certains ont la mémoire bien sélective en s’attribuant la paternité de propositions que la FMOQ a publiées en octobre 2008 dans son Énoncé de principes pour une politique nationale sur la médecine familiale et en octobre 2013 dans le rapport de son groupe de travail sur l’accessibilité aux soins de première ligne. Des appels pour plus d’investissements en première ligne, plus de soutien à la pratique, une informatisation accélérée et une meilleure collaboration interprofessionnelle sont notamment omniprésents dans ces deux documents. D’ailleurs, la plupart de ces éléments font l’objet, à un degré ou à un autre, d’engagements concrets de la partie gouvernementale dans l’entente sur l’accessibilité conclue le printemps dernier. J’invite donc à la prudence et à l’humilité ceux qui pensent avoir, seuls, toutes les solutions à des problèmes pourtant fort complexes.

Enfin, je tiens à souligner que toutes les positions officielles de la Fédération sont débattues et votées au sein de ses instances démocratiques. Par exemple, lors du Conseil général du 2 mai dernier, 142 des 143 délégués présents (tous des omnipraticiens élus par leurs pairs dans chacune des régions du Québec) ont voté pour les principes enchâssés dans l’entente convenue avec le gouvernement sur les mesures que nous avons proposées comme solution au projet de loi no  20. Tournée annuelle de la province, assemblées spéciales, consultations régulières, vote universel sur les ententes générales, élections régionales et provinciales : rien n’est épargné pour que la Fédération soit une institution démocratique et représentative modèle. Nous en sommes fiers et, par conséquent, nous savons que nos positions sont représentatives des opinions et des sentiments des médecins de famille québécois. //

Le 21 septembre 2015

 

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Le président, Dr Louis Godin