Nouvelles syndicales et professionnelles

Conférence de presse

Les trois fédérations de médecins contre le projet de loi no 10

Emmanuèle Garnier  |  2015-02-11

Avant que le projet de loi no 10 ne soit adopté à l’Assemblée nationale grâce au bâillon, les trois fédérations de médecins, celles des spécialistes, des omnipraticiens et des résidents, organisaient une conférence de presse conjointe pour dénoncer la manière d’agir de l’État.

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De gauche à droite : Dr Louis Godin, Dre Diane Francœur, Dr Joseph Dahine

« Le gouvernement Couillard décide aujourd’hui de procéder, tête baissée, en dépit de toutes les objections et mises en garde formulées par l’ensemble des acteurs du réseau de la santé », a dénoncé la Dre Diane Francœur, présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

Dans ce projet de loi qui crée les superstructures que seront les « centres intégrés de santé et de services sociaux » (CISSS), plusieurs questions demeurent sans réponse tant sur l’administration de ces nouveaux établissements que sur l’organisation et l’offre de soins, a dénoncé la présidente.

Certains établissements régionaux regrouperont des milliers de médecins, dispersés dans plusieurs lieux parfois à des centaines de kilomètres les uns des autres. « Il est impératif que les départements et services des hôpitaux conservent une représentativité locale favorisant l’engagement du personnel et des médecins dans leur milieu. Qu’en sera-t-il ? »

Une longue période de flottement à prévoir

La création des CISSS va à l’encontre de la tendance actuelle, a ensuite souligné le Dr Louis Godin, président de la FMOQ. « Partout ailleurs, lorsqu’on essaie d’améliorer la situation, on tente de se rapprocher du patient et des centres de décision pour être capable de réagir le plus rapidement possible. »

Le Dr Godin craint également la longue turbulence qu’entraîne tout grand changement dans le système de santé. « Chaque fois qu’on a procédé à ce genre de transformation importante, on a toujours vu une période de flottement qui a duré 24, 36, 48 mois avant que les choses ne s’organisent réellement sur le terrain. Est-ce qu’on peut se permettre cette période de flou quand on dit qu’il faut améliorer rapidement la situation ? »

Le projet de loi no 10 a suscité énormément d’opposition dans le milieu de la santé, a rappelé le président de la FMOQ. « Pas seulement de la profession médicale, mais aussi de beaucoup d’autres acteurs engagés directement ou indirectement dans le réseau de la santé. Plutôt que de s’asseoir, de discuter et de chercher des solutions qui ont des chances de donner des résultats, on a plutôt choisi cette approche autoritaire, dictatoriale pour imposer le projet de loi no 10. »

Une manière de procéder de mauvais augure

Le président de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), le Dr Joseph Dahine, n’a pas lui non plus caché son amertume. Sa fédération avait participé de bonne foi aux consultations sur le projet de loi no 10 et elle se sent flouée par la manière de procéder du gouvernement. « C’est faire complètement fi de tout le processus démocratique dans lequel nous nous sommes engagés comme plusieurs autres acteurs du réseau, a dénoncé le Dr Dahine. Plutôt que de prendre un peu de ce que les gens sont venus présenter en commission parlementaire, de faire des compromis et de négocier de bonne foi, le gouvernement a décidé d’appliquer une mesure de façon unilatérale. »

Cette manière d’agir ne présage rien de bon pour le projet de loi no 20. La FMRQ a déjà lancé une consultation sur Internet – operationdiagnostic.ca – auprès de ses membres et de la population, pour connaître leurs solutions. « On voulait présenter ces conclusions au gouvernement. Mais là qu’est-ce qui va se passer ? On va passer en commission parlementaire, discuter pendant quelques heures et encore une fois le gouvernement fera fi de ces recommandations ? »

Les résidents sont par ailleurs sceptiques devant les réformes que veut faire le gouvernement. « Je ne suis pas persuadé qu’elles vont se traduire par des avantages pour les patients », a indiqué le Dr Dahine. //