Éditorial

Solutions et responsabilité du gouvernement

Dr Louis Godin  |  2015-02-26

Contrairement au gouvernement du Québec, la FMOQ a fait de l’amélioration de l’accès aux soins de première ligne sa priorité depuis longtemps. Nous parlons et proposons des pistes de solution sur cet enjeu incontournable depuis des années. D’ailleurs, il y a 16 mois (oui 16 mois !), un comité spécial de la FMOQ rendait public un rapport contenant des recommandations précises sur la question. Malheureusement pour les Québécois, nos interlocuteurs au gouvernement ont toujours eu leurs raisons de faire la sourde oreille à nos propositions. Et le gouvernement actuel est loin de faire exception à cet égard puisque, malgré nos sollicitations, Gaétan Barrette et l’équipe de son ministère n’ont même jamais pris le temps de discuter avec nous de la question de l’accessibilité avant le dépôt de l’infâme projet de loi 20. Si le 28 novembre, jour du dépôt du projet de loi, fut un jour noir pour la médecine familiale, les mois précédents furent tout aussi sombres pour l’accessibilité aux soins en raison du refus du gouvernement de discuter de la question avec ceux qui prodiguent les soins.

Étant toutefois animés d’une détermination à toute épreuve, nous sommes en ce moment même à tra­vailler de nouveau sur des solutions qui permet­traient de véritablement accroître l’accès aux mé­­de­­cins de famille. En tout cas, personne ne pour­ra nous accuser, nous, de mauvaise foi et d’attentisme ! Malgré l’ignorance et le mépris du ministre, nous croyons qu’il est de notre devoir de proposer des solutions qui ont des chances de fonctionner et de donner de véritables résultats positifs pour nos concitoyens, contrairement aux solutions simplis­tes et rétrogrades proposées par Gaétan Barrette dans le projet de loi 20. Pour la Fédération, l’accès aux soins était, est et sera toujours une priorité, in­dé­pendamment du manque de volonté politique chronique de nos élus pour appliquer les bonnes solutions aux problèmes d’accès.

Il n’en demeure pas moins que le gouvernement du Québec, tous partis confondus, demeure le grand responsable des problèmes d’accès actuels en première ligne. Pénalités sous forme de plafond de rémunération pour les médecins de famille qui travaillaient beaucoup jusqu’au début des années 2000, obligation depuis 1993 (renforcée en 2002) pour les médecins de famille de travailler en établissement, dévalorisation de la médecine familiale, conditions de pratique plus intéressantes en médecine spécialisée, effectifs médicaux sans cesse grandissants en médecine spécialisée par rapport à ceux de la médecine familiale et refus passé d’allouer les ressources nécessaires en première ligne sont quelques exemples éloquents de dérive et de mauvaise gestion du gouvernement. Les problèmes actuels étaient prévisibles et sont dus à un manque de vision condamnable. Aujourd’hui, le gouver­nement demande aux médecins de famille de changer en partie des façons de faire et des modèles de pra­tique qu’il avait lui-même encouragés afin de corriger des erreurs commises par des politi­ciens et des bureaucrates incompétents. Nous ferons de notre mieux pour parer à leurs fautes, dans l’intérêt des patients qui méritent mieux que l’approche dénuée de sens du ministre Barrette. Espérons juste que le gouvernement aura le bon sens, un jour, de nous écouter. En fait, si on analyse le bilan déficient des gouvernements des vingt dernières années en matière de gestion des effectifs médicaux et d’investissement dans les soins de première ligne, il serait temps !

Le 20 février 2015

 

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Le président, Dr Louis Godin