le nouveau visage des médecins de CLSC
Le profil du médecin de CLSC change. Ce clinicien est dorénavant un omnipraticien à la pratique variée, qui suit des patients et a diverses activités au sein de son établissement de soins. Il exerce souvent dans d’autres milieux que le CLSC et est généralement rémunéré selon plusieurs modes. C’est le nouveau portrait qui émerge du sondage qu’a mené l’Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ) en juin dernier.
L’association a fait parvenir par courriel un questionnaire Surveymonkey à 826 de ses membres – médecins de CLSC et de santé publique –, auquel 166 ont répondu. « Vingt pour cent, c’est un taux de réponse intéressant », estime la Dre Catherine Risi, vice-présidente de l’AMCLSCQ.
Parmi les médecins qui pratiquaient dans un CLSC, 70 % suivaient des patients. « On entend souvent dire que les médecins de CLSC ne prennent pas en charge de clientèle. C’est faux », souligne la Dre Risi. Mais en plus, 54 % donnaient des soins à domicile. « C’est énorme ! Cela découle des orientations établies par le ministère au cours des dernières années. On sait que lorsque les soins à domicile sont bien organisés, ils évitent des visites à l’urgence, et même des hospitalisations. »
Les données révèlent également que presque 40 % des médecins de CLSC exercent au service de consultation sans rendez-vous. Environ un tiers donne des soins palliatifs et un autre tiers pratique au service jeunesse. Un certain nombre travaillent dans les secteurs de la santé mentale et de la petite enfance.
Seulement 4 % des répondants travaillant dans un CLSC pratiquaient des interruptions volontaires de grossesse. « Ils ne sont pas très nombreux, mais ils sont importants. Quand on se retrouve aux prises avec une grossesse non désirée, on a rapidement besoin de ce service. »
La plupart des répondants exerçaient non seulement dans un CLSC, mais aussi dans d’autres milieux : hôpital, groupe de médecine de famille, CHSLD, cabinet privé, santé publique, etc. « Les médecins de CLSC sont polyvalents : 60 % ont indiqué avoir au moins un deuxième lieu de pratique. Donc, le portrait du médecin à temps plein en CLSC correspond de moins en moins à la réalité », explique la Dre Risi.
Les médecins de CLSC ont aussi leur part d’activités contraignantes. Ainsi, 69 % travaillent en dehors des heures habituelles de cabinet et 64 % font des gardes en disponibilité. Bien de ces omnipraticiens sont par ailleurs engagés dans leur milieu ou auprès de la relève : 37 % font partie du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de leur établissement et environ la même proportion enseignent aux résidents ou aux externes.
Qu’en est-il de la rémunération des membres de l’AMCLSCQ ? La majorité est payée à des honoraires fixes. Cependant, la plupart ont un deuxième mode de rétribution. Chez 39 %, il s’agit de la rémunération à l’acte. « Beaucoup de médecins de CLSC facturent à l’acte leurs activités dans les consultations sans rendez-vous, comme un médecin de cabinet. » Les répondants ont aussi indiqué qu’ils recevaient des forfaits. Ainsi, presque 80 % avaient des primes liées à l’inscription de la clientèle.
Le sondage a entre autres permis d’obtenir des données sur les médecins de santé publique qui sont à l’AMCLSCQ. « Il y a environ 300 omnipraticiens dans ce domaine au Québec, dont une centaine sont membres de notre association. » Parmi les trente-six répondants de ce sous-groupe, la plupart exerçaient dans les domaines des maladies infectieuses, de la prévention et de la promotion de la santé ainsi que de la santé au travail.
Cette enquête offre de précieuses données à l’AMCLSCQ. « Elle nous permet de voir ce qui est important pour nos membres, indique la vice-présidente. On aimerait la répéter dans quelques années pour suivre l’évolution de leur pratique. » //