Éditorial

Changement, continuité et transition

Louis Godin  |  2019-11-21

L’année qui s’achève aura à la fois été une année de continuité et une année de transition pour les médecins omnipraticiens et la Fédération. À la suite de l’élection d’un nouveau gouvernement formé par la Coalition Avenir Québec aux commandes de l’État québécois, une première historique, il était plutôt difficile de savoir à quoi s’attendre comme mode de gestion gouvernemental. Surtout que toute l’équipe sous-ministérielle à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux a aussi changé à la suite des résultats électoraux d’octobre 2018. Un an plus tard, force est de constater qu’il y a heureusement eu un changement considérable dans la forme et le ton. Néanmoins, il reste des défis importants à relever sur le fond des choses.

D’abord, inutile de rappeler que le discours dénigrant et confrontant de l’ancien ministre de la Santé ne manque à personne dans le réseau de la santé, surtout pas aux médecins de famille. Ce discours, qui fut loin d’être sans conséquence pour le moral des troupes et l’attractivité de la médecine de famille, restera malheureusement longtemps gravé dans la mémoire des Québécois. Dans ce contexte, le fait que la nouvelle ministre de la Santé et des Services sociaux a eu le bon jugement d’adopter d’emblée un ton respectueux et rassembleur ne pouvait qu’être salutaire pour tous. Et cela a eu comme conséquence que nous sommes, une année plus tard, de retour à une ambiance normale dans un réseau où les équipes soignantes travaillent toujours constamment sous pression, mais ne se font plus pointer du doigt par les dirigeants politiques pour tous les maux. Mais surtout, l’intimidation et la coercition ont généralement laissé place de nouveau à la collaboration et à la consultation. On parle donc d’un gros changement sur le plan du discours et des méthodes de travail.

Sur le fond, l’augmentation du nombre de Québécois pris en charge par un médecin de famille demeure sans conteste la priorité. Si le gouvernement caquiste, tout en insistant sur la nécessité d’une amélioration constante du nombre de patients inscrits, semble moins obsédé par les chiffres et les statistiques sur cet enjeu, reste que l’aiguille doit continuer de bouger dans le bon sens. Et, malgré une pénurie reconnue d’effectifs en médecine familiale, nous allons effectivement dans le bon sens, le taux d’inscription avoisinant maintenant les 82 %.

Comme seconde priorité gouvernementale, nous consta­tons que l’octroi de nouveaux pouvoirs à d’au­tres professionnels (infirmières et pharmaciens) est toujours au menu politique, malgré le changement de gouvernement. D’ailleurs, les projets de loi 31 et 43 déposés à l’automne à l’Assemblée nationale et présentés comme porteurs de solutions quasi magiques sur le plan de l’accessibilité aux soins de première ligne, en sont des preuves éloquentes. N’empêche qu’au-delà des partis politiques, on parle ici de thèmes qui semblent dorénavant incontournables politiquement, qu’ils soient pertinents ou non, et qui s’inscrivent donc dans une certaine continuité.

Enfin, on peut aussi parler d’une année de transition, car une autre priorité gouvernementale a émergé en 2019 et risque de prendre forme en 2020 et dans les années subséquentes, soit un nouveau mode de rému­nération pour les médecins de famille en première ligne : la capitation. On parle tout de même d’un changement important qui risque de modifier l’organisation de la pratique au quotidien pour beaucoup de médecins. Nous sommes en discussion constructive avec le gouvernement depuis des mois par rapport aux modalités et à l’échéancier d’application de ce nouveau mode. L’année à venir devrait nous permettre d’en connaître les paramètres définitifs. Par conséquent, la prochaine année risque d’en être encore une de transition ! Changement, continuité et transition... une chance que les médecins de famille québécois sont polyvalents après tout !

Joyeuses fêtes à tous !

Le 19 novembre 2019

 

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Le président, Dr Louis Godin