Même si la Fédération se fait un devoir de le mentionner aussi fréquemment que possible, force est de constater qu’un grand nombre de nos concitoyens, dont évidemment beaucoup d’élus et de faiseurs d’opinions, ignorent la contribution unique et diversifiée des médecins de famille dans une multitude de secteurs du réseau de la santé. On parle de véritables piliers dans leurs milieux, qui ont souvent une pratique riche et polyvalente qu’on tient pour acquise chez nous, mais qui est loin d’être la norme quand on se compare à nos collègues ailleurs en Occident.
À titre de rappel, les chiffres officiels de la RAMQ illustrent de manière éloquente la polyvalence et l’omniprésence des 9300 médecins de famille œuvrant dans le régime public au Québec en 2019. D’abord, sans surprise, notons que 7630 médecins de famille prennent en charge des patients dans la collectivité. Toutefois, contrairement à ce que croient certains, le travail des médecins de famille au Québec est loin de s’arrêter là puisque 3450 d’entre eux prodiguent des soins aux patients hospitalisés, 2460 pratiquent dans les urgences, où ils constituent 95 % des effectifs médicaux, 1370 soignent et accompagnent les patients en CHSLD et 650 œuvrent en obstétrique, effectuant pas moins de 33 000 accouchements par année. Et on peut ajouter à ces statistiques déjà impressionnantes, le millier de médecins de famille qui prodiguent, sous divers formes, des soins palliatifs.
Quand on parle des médecins de famille québécois, on parle de professionnels dont la formation variée de très grande qualité leur permet d’offrir des soins dans un large éventail de secteurs. Quand on se compare à d’autres « juridictions » semblables, c’est une réalité quasi inédite qui est trop souvent oubliée et ignorée. Ce déni doit cesser. Comme il y a encore un déficit de 1000 médecins de famille par rapport au nombre de médecins spécialistes au Québec, une autre réalité qu’on ne trouve à peu près que dans notre province, il serait opportun que bon nombre d’observateurs et de commentateurs reconnaissent la compétence unique et polyvalente des omnipraticiens québécois. C’est d’autant plus vrai qu’ils ont réussi, grâce à leur effort de guerre des dernières années, à prendre en charge 1,2 million de Québécois de plus (le taux d’inscription est passé de 67 % à 81 % depuis 2014), tout en consacrant toujours près de 40 % de leurs activités professionnelles au travail en établissement. C’est un résultat non seulement plus que louable, mais aussi et surtout remarquable.
Dans ce contexte, avec la belle saison qui cogne à nos portes et les médecins de famille qui seront encore une fois fidèles au poste pour prodiguer les soins appropriés un peu partout dans le réseau de la santé, je crois qu’il faut impérativement souligner l’engagement exceptionnel de ces femmes et de ces hommes dans leurs milieux respectifs. À une époque où certains tentent trop souvent de banaliser notre formation médicale et de dévaloriser injustement notre profession, soyons plus que jamais fiers de notre engagement et parlons-en ! Il est temps que la contribution unique des médecins de famille au Québec, dans une multitude de sphères d’activités médicales, soit connue, reconnue et appréciée à sa juste valeur. //
Le 22 mai 2019
Le président, Dr Louis Godin