À la recherche de médecins amateurs d’aurores boréales
La Côte-Nord a connu plus d’arrivées de médecins que de départs cette année. Toutefois, Fermont aura un grand défi de recrutement en 2021, a signalé le président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord, le 18 septembre, lors d’une séance d’information virtuelle qui remplaçait l’assemblée générale annuelle.
La ville minière de Fermont, bien connue pour son mur-écran, perdra quatre de ses six médecins de famille l’an prochain. Ils prennent leur retraite. Faudra-t-il faire une reprise du film La Grande Séduction ? « L’équipe là-bas s’est déjà mise à la recherche des perles rares », indique le Dr Pierre Gosselin, président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Côte-Nord (AMOCN). Il est confiant : « C’est le paradis des chasseurs, des pêcheurs et des amateurs de motoneige. Et les aurores boréales y sont magnifiques. »
Cela dit, d’autres villes de la Côte-Nord ont aussi des problèmes de recrutement. « À Forestville et à Port-Cartier, par exemple, il n’y a pas de lits d’hospitalisation, explique le Dr Gosselin. Or, beaucoup de médecins veulent avoir une pratique hospitalière. » Havre-Saint-Pierre a aussi du mal à attirer des médecins. « Il faut des gens au tempérament aventurier. C’est du travail de dispensaire. Les médecins vont soigner des communautés isolées en avion ou en hélicoptère. »
En vigueur depuis décembre 2019, la lettre d’entente 351, qui accorde une prime aux médecins qui s’installent dans certaines zones en grave pénurie d’effectifs, pourrait aider au recrutement, selon le Dr Gosselin. « Deux nouveaux médecins, un à Havre-Saint-Pierre et un aux Escoumins, viennent de demander le forfait », a-t-il précisé aux quelque 25 membres de l’AMOCN qui ont assisté à la séance d’information virtuelle qui remplaçait l’assemblée générale.
En 2020, la Côte-Nord a pourvu treize des vingt postes auxquels elle avait droit, pour un taux de 65 %. Le Dr Gosselin aurait préféré davantage, mais il se console. « C’est mieux que 2018 et 2019. Sans compter qu’on a eu plus d’arrivées de médecins que de départs. Les années précédentes, on perdait plus de médecins qu’on en gagnait. »
Le président déplore cependant que la pandémie empêche des candidats potentiels de découvrir la région. « En temps normal, des étudiants en médecine viennent visiter nos différents milieux de soins. Mais actuellement, tout est arrêté. »
Les médecins dépanneurs demeurent par ailleurs une « bouée de sauvetage », a rappelé le Dr Gosselin lors de la rencontre virtuelle. Bonne nouvelle : ils sont désormais plus faciles à trouver, et la région a réussi à en fidéliser certains. « À Port-Cartier, nos gardes sont pourvues à 99 % jusqu’en janvier. »
À l’instar de la Gaspésie, la Côte-Nord a été envahie par des hordes de touristes l’été dernier. Malgré tout, la COVID-19 ne s’est pas invitée. En juillet et en août, seulement huit cas ont été déclarés, pour un total de 144, selon les chiffres qu’a fournis le Dr Gosselin à ses membres le 18 septembre.
« Une centaine de cas étaient liés à des éclosions qui ont eu lieu au pénitencier de Port-Cartier et dans une minière de Sept-Îles ce printemps », indique le médecin de famille.
Fait particulier : seulement un cas a été recensé dans les résidences pour personnes âgées de la Côte-Nord pendant la première vague. Ces établissements faisaient bien appel à des employés provenant d’autres régions, mais ces derniers étaient soumis à un test de dépistage avant d’entrer en poste.
Au moment de la séance d’information de l’AMOCN, la deuxième vague s’amorçait. « Nous avons réorganisé toute notre pratique au printemps dernier. Nous sommes prêts », assure le Dr Pierre Gosselin. //