le nouvel « accès rapide » à un médecin de famille
Cette année, le président de la FMOQ participe aux assemblées générales annuelles des associations de manière virtuelle. Il peut ainsi informer les omnipraticiens des derniers dossiers, comme le projet d’accès rapide à un médecin.
Depuis la mi-septembre, le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, fait une tournée virtuelle des associations affiliées à la Fédération. « Je ne vous cacherai pas que je préférerais être là en personne », a-t-il reconnu en visioconférence à la réunion de l’Association des médecins omnipraticiens des Bois-Francs (AMOBF) le 8 octobre dernier.
La pandémie est difficile pour tous. « Les médecins de famille ont été très sollicités, et je vous remercie pour votre travail. Comme groupe, vous avez fait face à plus de demandes de soins et y avez répondu sans vous faire prier. Je veux vous en féliciter », a souligné le président. Les omnipraticiens ont par ailleurs fait ces efforts malgré la pénurie d’effectifs qui les frappe toujours, a-t-il rappelé aux membres en ligne.
L’accès à un médecin de famille est de nouveau le dossier de l’heure. Il constitue dorénavant la priorité du gouvernement. Certains parlent de « l’accès en 36 heures » comme solution. Le président de la FMOQ la baptise plutôt « accès rapide ». L’objectif : « l’accès à un médecin en temps opportun et, au besoin, dans un court délai ».
L’arrivée de la maladie à coronavirus (COVID-19) a servi de révélateur. « Tout le monde se rend compte qu’il est primordial de s’assurer que les patients peuvent rencontrer un médecin quand ils en ont besoin, qu’ils soient inscrits ou non auprès d’un médecin de famille. Comme groupe, nous devons nous assurer qu’ils peuvent être vus », a expliqué le président aux membres de l’AMOBF.
Que doivent alors faire les médecins de famille ? « À court terme, durant la période d’urgence sanitaire, on vous demande d’organiser dans vos milieux de pratique, GMF ou non-GMF, un service de consultation sans rendez-vous pour vos patients inscrits, mais qui soit aussi accessible aux patients non inscrits. Si, dans tous les milieux, chaque médecin offre quelques plages de consultation sans rendez-vous par jour, plusieurs centaines, voire des milliers de rendez-vous en court délai seront disponibles. »
Dans le cadre de cette approche populationnelle due à la pandémie, l’exigence concernant le taux d’assiduité est par ailleurs suspendue. « On n’en tient plus compte. On ne pénalisera pas un médecin qui voit une clientèle non inscrite plutôt qu’un de ses patients inscrits. »
Tout le monde adore la téléconsultation. Les patients, les proches, les médecins. « On veut que la téléconsultation se poursuive de manière définitive », a indiqué le Dr Godin. Actuellement, elle est permise par un décret sanitaire qui doit régulièrement être renouvelé. La FMOQ et le gouvernement vont donc négocier une entente pour l’autoriser de façon permanente.
Une fois la pandémie terminée, toutefois, le contexte sera différent. Dans quel cadre la téléconsultation pourra-t-elle avoir lieu ? Pourrait-elle totalement remplacer la visite en personne ? « On a réfléchi à certaines balises », a affirmé le Dr Godin.
Le projet de rémunération à capitation, pour sa part, n’est pas tombé dans l’oubli. Le gouvernement veut poursuivre les négociations. « On doit d’abord s’entendre sur ce que pourrait être ce nouveau mode, puis passer à l’étape suivante, qui est de déterminer les éléments à négocier pour l’appliquer », a indiqué le Dr Godin. La mise sur pied de ce nouveau modèle n’aura donc probablement pas lieu à court terme. « De façon réaliste, il ne s’appliquera pas avant de dix-huit à vingt-quatre mois après la fin des négociations des principes de base. »
Comment alors fonctionnerait l’accès rapide dans le cadre de la capitation une fois la situation revenue à la normale ? Le médecin offrirait, grâce à un système de rendez-vous, un nombre précis de plages horaires pour des consultations accordées rapidement. Leur nombre pourrait être établi en fonction de l’importance de la clientèle inscrite. « Que le patient vienne ou non, le médecin aurait rempli l’objectif qu’on lui aurait fixé. Son imputabilité serait déterminée uniquement par son offre de service. »
L’accès rapide pourrait ainsi devenir un indicateur qui remplacerait le taux d’assiduité. L’évaluation des services du médecin ne dépendrait dès lors plus du comportement du patient, mais de sa participation au service d’accès rapide. L’omnipraticien ne risquerait donc plus d’être pénalisé par la personne qui choisirait de se rendre à l’urgence ou dans une autre clinique alors qu’il était disponible.
« Il est primordial de s’assurer que les patients peuvent rencontrer un médecin quand ils en ont besoin, qu’ils soient inscrits ou non auprès d’un médecin de famille. Comme groupe, nous devons nous assurer qu’ils peuvent être vus ». – Dr Louis Godin. |
Malgré la crise de la COVID-19, la FMOQ n’oublie pas ses objectifs de négociation à plus long terme. « La question de l’écart de rémunération est un combat de longue haleine, a rappelé le Dr Godin dans sa visioconférence. La Fédération a réussi à fixer dans une entente la manière dont sera traitée cette question. Il n’est pas question d’abandonner. Nous irons au bout du processus. »
Le dossier de l’écart de rémunération comprend deux volets. Le premier est la différence de rétribution entre omnipraticiens québécois et ontariens. L’Institut canadien d’information en santé a remis son rapport sur la question il y a un certain temps. « Nous avons des éléments à vérifier. Il reste un point fondamental qui est la comparaison de la productivité des médecins québécois et ontariens. »
Le second volet porte sur l’écart de rétribution entre médecins de famille et spécialistes québécois. Le dossier comporte depuis un an une nouvelle donnée. « Il s’agit de l’entente entre le gouvernement et les médecins spécialistes sur la réduction de l’enveloppe de ces derniers. Il faudra voir quelle en est la répercussion sur l’écart avec les médecins de famille. »
La tournée virtuelle du président de la FMOQ se poursuit jusqu’au 20 novembre. //