Nouvelles syndicales et professionnelles

Appui massif des médecins à la téléconsultation

Nathalie Vallerand  |  2020-08-25

Les médecins de famille ne veulent pas revenir en arrière. La quasi-totalité souhaite continuer à donner des consultations à distance après la pandémie.

Lalancette

En juin dernier, la FMOQ a mené un sondage sur la téléconsultation auprès de ses quelque 9400 membres. Les résultats sont sans équivoque : 95 % des médecins de famille ont l’intention de poursuivre les téléconsultations après la pandémie de COVID-19. « On s’attendait à un fort enthousiasme des médecins, mais peut-être pas à ce point, commente la Dre Julie Lalancette, directrice de la Planification et de la Régionalisation à la FMOQ. Une chose est certaine, les résultats prouvent la pertinence et l’utilité des consultations par téléphone ou par visioconférence. Ces modes offrent beaucoup d’avantages, tant aux médecins qu’aux patients. »

Avec 1875 répondants, le taux de réponse au sondage est de 20 %. Un pourcentage statistiquement suffisant. « Les données obtenues nous permettront de planifier la poursuite de la téléconsultation et d’en négocier la tarification », indique la Dre Lalancette.

Un faible pour le téléphone

Pendant la pandémie, 99 % des médecins ont donné des consultations à distance. Le bon vieux téléphone, auquel ont recouru 99,4 % d'entre eux, est le mode de téléconsultation le plus populaire. Cependant, 52 % des répondants ont joint des patients par l’entremise d’une plateforme virtuelle, que ce soit Zoom, Reacts, Myles, Telus ou une autre. Quelle proportion de leurs téléconsultations cela représentait-il ? La majorité des médecins, soit 70 %, a utilisé la visioconférence moins de 10 % des fois. Seulement 8 % des répondants l’ont employée pour plus de 60 % de leurs rendez-vous à distance.

Cette préférence pour le téléphone n’est pas étonnante, car beaucoup de problèmes peuvent se régler par un coup de fil. Par comparaison, une plateforme virtuelle demande plus de temps, selon la Dre Lalancette. « Il faut envoyer un courriel au patient. Il peut y avoir des problèmes de connexion Internet ou de son. Et puis, comme c’est nouveau, il y a aussi une question d’adaptation au changement. »

Plusieurs médecins de famille ont d’ailleurs éprouvé diverses difficultés quand ils ont commencé à utiliser la visio­conférence ce printemps. Néanmoins, parmi les répondants au sondage qui ont employé une plateforme virtuelle, le taux de satisfaction atteint 81 %. « Lorsqu’on passe par-dessus les embûches des premières fois, on apprécie cet outil », estime la Dre Lalancette.

Du temps, c’est du temps

Quelle est la durée moyenne d’une téléconsultation ? Est-ce plus court qu’une visite au cabinet ? Selon 64,3 % des répondants, une consultation virtuelle dure entre 10 et 20 minutes. Pour 25 % des médecins, la durée moyenne d’une telle consultation dépasse plutôt 20 minutes. En ce qui concerne les consultations téléphoniques, les résultats sont similaires : 68,5 % des répondants disent que la durée moyenne est de 10 à 20 minutes tandis que 22,6 % l’évaluent à plus de 20 minutes. « Il était important d’avoir des données à ce sujet en vue des prochaines négociations avec le gouvernement », précise la Dre Lalancette.

Invités à comparer la longueur des consultations téléphoniques par rapport aux rendez-vous sur place, près de 53 % des médecins mentionnent qu’elles sont plus courtes et 40 % qu’il n’y a pas de différence. Quant aux consultations par visioconférence, la moitié des répondants constate qu’elles durent aussi longtemps qu’en personne et le tiers, qu’elles sont plus courtes (figure).

Très peu de médecins ont répondu que les consultations à distance sont plus longues que celles en cabinet. « En général, les téléconsultations font gagner du temps, car le médecin peut gérer la fin de la rencontre plus aisément, souligne la Dre Lalancette. »

Pour la FMOQ, les téléconsultations doivent rester rémunérées au même taux que les visites en personne. « Si un médecin donne une consultation de 45 minutes parce que le cas est complexe, il doit être payé pour son temps, ajoute la Dre Lalancette. Et il ne doit pas y avoir de différences de tarif entre les modes de consultation. Au téléphone, avec une plateforme virtuelle ou en personne, du temps, c’est du temps. »

Figure

Être enthousiastes, mais pas trop

Presque tous les médecins comptent poursuivre les téléconsultations après la pandémie. Mais dans quelle proportion de leur pratique ? Ils sont 47 % à penser qu’entre 30 % et 60 % de leurs consultations se feront à distance et 36 % à voir cette proportion entre 10 % et 30 %. Cependant, 13 % des répondants au sondage affirment qu’ils pourraient utiliser la visioconférence pour plus de 60 % de leurs rendez-vous. Ces médecins sont trop enthousiastes, estime la Dre Lalancette. « Ils risquent de rater des diagnostics. Tout ne peut pas se faire à distance. L’examen physique demeure important et nécessaire dans bien des cas. »

D’ailleurs, en avril dernier, le Collège des médecins du Québec a radié pour six mois un médecin de famille qui a donné une consultation par messagerie texte à un patient. Ce dernier, un jeune homme de 25 ans, souffrait de vomissements répétés, d’une douleur abdominale et d’un hoquet grave. Il a été retrouvé mort dans son logement quelques jours après les échanges de textos. L’autopsie a révélé une pancréatite aiguë nécrosante.

« L’exercice de la médecine grâce à l’utilisation de moyens technologiques demeure encadré par les mêmes règles déontologiques que la médecine exercée de façon traditionnelle », a rappelé le conseil de discipline dans sa décision. Une triste histoire qui doit servir de leçon, affirme la Dre Julie Lalancette. « J’invite à la plus grande prudence les médecins qui misent un peu trop sur les téléconsul­tations », conclut-elle. //

Nouveau service virtuel pour médecins

Vous avez un problème qui concerne vos conditions de travail, les PREM, les AMP, les lettres d’entente ou tout sujet relevant de la Direction de la planification et de la régionalisation ? Ne vous étonnez pas si la directrice, la Dre Julie Lalancette, vous propose un rendez-vous virtuel au lieu de répondre à vos questions par courriel. « C’est souvent plus efficace et moins chronophage que d’échanger une kyrielle de courriels, constate-t-elle. Le fait de se voir et de se parler aplanit les difficultés de communication et contribue à installer un climat sympathique. La visioconférence me permet aussi de partager mon écran pour montrer des documents au médecin ou d’inviter des experts d’autres directions de la FMOQ à la rencontre virtuelle. Ce mode de communication présente beaucoup d’avantages. »