La pandémie de COVID-19 que nous vivons depuis plusieurs mois a laissé d’importantes séquelles un peu partout dans notre société. C’est simple, la vie en société telle qu’on l’a connue avant semble un souvenir de plus en plus lointain, du moins pour un temps. Plus rien ne sera jamais pareil ! Énormément de gens ont consenti de lourds sacrifices au détriment de leur qualité de vie, de leur sécurité financière, de leur équilibre, de leur santé et même parfois malheureusement de leur vie.
Ces sacrifices ne doivent surtout pas avoir été en vain. Ce serait impardonnable dans une société développée et riche comme la nôtre. Aucune excuse ne saurait être tolérée à cet égard. Dans un tel contexte, il va dorénavant de soi que tous les milieux de soins et tous les travailleurs de la santé doivent disposer des équipements de protection individuels adéquats en tout temps. Il va de soi qu’il doit aussi y avoir suffisamment de personnel qualifié et formé pour répondre à la demande dans tous les milieux de soins et que des équipes stables doivent y être en poste. Et il faut en finir une fois pour toutes avec cette vision étroite axée sur les centres hospitaliers au détriment de la première ligne, du maintien à domicile et des soins de longue durée.
Espérons que la crise aura sonné le glas de cette vision « hospitalo-centriste » typiquement québécoise nous ayant fait mal comme jamais ce printemps et dont on a pu constater les limites, voire les dangers dans certaines situations. Et comprenez-nous bien, nous ne disons pas qu’il est mal avisé de se préoccuper des besoins en milieu hospitalier. Dieu sait que les professionnels de la santé, dont les médecins de famille, y ont accompli un travail exceptionnel depuis le début de la pandémie et y poursuivent leurs efforts, notamment à l’urgence, dans les différentes unités de soins et aux soins intensifs. Au contraire, ces besoins doivent rester une priorité. Toutefois, force est de reconnaître que les derniers mois auront malheureusement appris à certains qu’il n’y a pas qu’à l’hôpital où la situation est parfois une question de vie ou de mort. Détourner le regard des besoins en première ligne, en maintien à domicile et en soins de longue durée a longtemps été pratique et trop facile pour les décideurs publics quand venait le temps de planifier les effectifs et les investissements. Pourtant, les conditions, particulièrement en soins de longue durée et en maintien à domicile, y sont critiques depuis déjà très longtemps. Les médecins omnipraticiens, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires, entre autres, soutenus d’ailleurs souvent de manière très concrète par les familles des patients, y accomplissent des petits miracles quotidiennement depuis des années. Il reste néanmoins troublant que le gouvernement n’ait jamais réellement pris la mesure de la situation avant le printemps dernier.
Heureusement, la pandémie semble avoir modifié la donne. Nous pouvons désormais nous attendre à ce que les autorités gouvernementales procèdent au changement de cap souhaitable pour que nous soyons prêts à affronter une seconde vague. Les plus vulnérables et leurs proches sont en droit d’être mieux protégés. Il en va de même des professionnels de la santé qui devraient en plus avoir accès rapidement à la marche à suivre dans différents contextes. La pandémie aura eu certains effets positifs immédiats sur un réseau de la santé souvent sclérosé et réfractaire aux changements. Nous n’avons qu’à penser aux téléconsultations ! Toutefois, l’effet le plus souhaitable serait que nous nous donnions collectivement les moyens et l’obligation morale de prioriser l’offre de soins non seulement en milieu hospitalier, mais aussi, et plus que jamais, dans les autres milieux de soins en amont. //
Le 14 août 2020
Le président, Dr Louis Godin |