quel est le meilleur type d’activité physique à pratiquer ?
Même si la danse et l’aquaforme présentent des avantages particuliers, la plupart des activités physiques sont probablement aussi bénéfiques pour les patients atteints de la maladie de Parkinson.
Quand le Dr Philippe Huot, neurologue, traite ses patients atteints d’une maladie de Parkinson légère ou modérée, il leur dit : « Faites de l’exercice. C’est important. Ce l’est tout autant que les médicaments que l’on vous prescrit. »
Pour le spécialiste des troubles du mouvement du Centre universitaire de santé McGill, les bienfaits de l’activité physique sont clairs. « Les médicaments vont améliorer jusqu’à un certain point des aspects de la maladie, mais il y a des facettes sur lesquelles ils n’auront pas d’effet, et l’exercice peut alors être utile. »
Avec l’évolution de la maladie, les patients peuvent avoir des tremblements, une certaine rigidité, des mouvements plus lents, présenter des problèmes de coordination et d’équilibre. Graduellement, ils ont moins tendance à bouger. « Un moment donné, il s’établit un cercle vicieux. Si l’on veut conserver les acquis et peut-être même développer d’autres capacités, comme la force par exemple, l’activité physique est essentielle. »
Quel genre d’exercices conseiller aux patients ? De nombreux types d’activités physiques peuvent réduire la gravité des symptômes moteurs et améliorer la qualité de vie, viennent de montrer des chercheurs allemands qui ont effectué une méta-analyse dans le cadre d’une revue Cochrane1. Ils se sont penchés sur 156 essais cliniques à répartition aléatoire regroupant presque 8000 sujets atteints d’une maladie de Parkinson légère ou modérée et ne présentant pas de troubles cognitifs importants.
Les activités étudiées par les chercheurs étaient multiples : danse ; aquaforme ; exercices pour améliorer la démarche, l’équilibre et le fonctionnement ; activités comme le yoga et le taï-chi ; cours pour augmenter l’endurance, la souplesse ou la force ; entraînements comprenant différents types d’exercices. Conclusion ? « Nous avons trouvé peu de preuves que certains types d’exercices fonctionnent mieux que d’autres », écrivent-ils.
L’essentiel pour les personnes atteintes d’une maladie de Parkinson légère ou modérée est de bouger, estime le Dr Huot à la lumière des données. « Toutes les activités procurent des résultats à peu près du même ordre de grandeur dans la méta-analyse (tableau). Même si certaines ont un effet plus important, les intervalles de confiance se chevauchent », explique le chercheur à l’Institut neurologique de Montréal.
La danse semble néanmoins l’exercice le plus bénéfique pour les signes moteurs. « Ce n’est pas surprenant, affirme le neurologue. La danse est bonne pour la force, l’équilibre, la proprioception et l’appareil cardiovasculaire. » D’ailleurs, un organisme, Danse for Parkinson’s Network Canada, offre des activités dans presque tout le pays aux personnes atteintes de la maladie (dancepdnetwork.ca). La danse pourrait être particulièrement utile aux patients ayant la forme akinétorigide du Parkinson. « Ces personnes ne tremblent pas, mais sont plus lentes et présentent davantage de problèmes d’équilibre et de risques de chutes », explique le spécialiste.
En ce qui concerne la qualité de vie, c’est l’aquaforme qui arrive en tête de liste dans la méta-analyse (tableau). « C’est une activité tout en souplesse qui fait travailler pratiquement tous les groupes musculaires », mentionne le Dr Huot, également professeur agrégé à l’Université McGill.
Et qu’en est-il des activités de type yoga ou taï-chi ? Leurs résultats ne dépassaient pas ceux des autres genres d’exercices. « Ce n’est pas ressorti dans cette méta-analyse, mais il y a une dizaine d’années, un article publié dans le New England Journal of Medicine a montré que le taï-chi était bénéfique chez les gens ayant la maladie de Parkinson », indique le neurologue. Selon l’essai clinique à répartition aléatoire, cette forme de gymnastique semblait réduire les troubles de l’équilibre, en plus d’améliorer la capacité fonctionnelle et de diminuer les chutes. Le taï-chi paraissait supérieur aux exercices de résistance et aux étirements2.
Les activités physiques peu efficaces ? « Les entraînements pour accroître la souplesse peuvent avoir un effet négligeable ou nul sur la gravité des signes moteurs », précisent les chercheurs allemands.
L’exercice se limite-t-il en général à freiner la perte de capacités ou permet-il d’en regagner ? Un peu des deux, affirme le spécialiste. « L’exercice n’arrêtera pas la progression de la maladie, mais peut aider les patients à récupérer certaines fonctions. » Le Dr Huot a constaté dans sa pratique que les patients peuvent retrouver de la force, de la vigueur et améliorer leur mobilité, leur forme physique et leur équilibre.
Parmi les personnes que suit le spécialiste, environ un tiers fait de l’exercice, un tiers pourrait être plus actif, et un autre tiers est sédentaire. Au fil des ans, le médecin a vu les bienfaits de certaines activités physiques sur ses patients. Les exercices d’assouplissement, par exemple, peuvent être utiles contre la rigidité et la raideur. « Certains patients ont également une démarche à petits pas. S’ils s’entraînent à marcher, font du tapis roulant ou de la bicyclette et renforcent leurs jambes, leur marche peut s’améliorer. Les exercices posturaux peuvent aussi diminuer l’instabilité et aider à prévenir les chutes. »
Parfois, des patients interrogent le Dr Huot sur le type d’exercice à faire. « Je leur réponds : “Qu’est-ce que vous aimez ?” S’ils aiment marcher en forêt, pourquoi pas ? Je pense que ce qui est important, c’est de bouger. Avec le Parkinson les gens sont moins actifs, et il faut combattre cette immobilité pour garder les acquis sur le plan physique. L’exercice n’est par ailleurs pas seulement bon pour le Parkinson, mais aussi pour la santé générale. » //
1. Ernst M, Folkerts A, Gollan R et coll. Physical exercise for people with Parkinson’s disease: a systematic review and network meta-analysis. Cochrane Database Syst Rev 2023 ; 1 (1) : CD013856. DOI : 10.1002/14651858.CD013856.pub2.PMID: 36602886
2. Li F, Harmer P, Fitzgerald K et coll. Tai Chi and postural stability in patients with Parkinson’s disease. N Engl J Med 2012 ; 366 (6) : 511-99. DOI : 10.1056/NEJMoa1107911.