un médecin face à son cancer
Habitué à soigner les autres, le Dr Jean-Pierre Routy s’est retrouvé de l’autre côté du miroir lorsqu’il s’est découvert un cancer de la prostate. L’épreuve qu’a vécue l’hémato-oncologue du Centre universitaire de santé McGill est le point d’un départ d’un livre singulier, à mi-chemin entre le témoignage et l’ouvrage médical.
Comment a-t-il réagi à son diagnostic ? Au fait de passer du statut de médecin à celui de patient ? L’auteur consacre les premières pages de son ouvrage à répondre à ces questions et à raconter ses débuts en médecine dans sa France natale, puis au Québec. Suivent ensuite une série de courts chapitres sur le rôle de la prostate, l’histoire de sa découverte en 1536, le test sanguin de l’APS, la chirurgie ou encore la place de l’urine dans la médecine.
Le Dr Routy, qui est directeur du Réseau SIDA et maladies infectieuses, entremêle habilement les informations médicales à son expérience personnelle, faisant preuve d’une grande transparence. Il parle de l’impuissance et de la peur qu’il ressent, il décrit le déroulement du toucher rectal et des biopsies de la prostate qu’il a dû subir, il évoque son adaptation à une sexualité différente.
La lecture est bonifiée par l’humour et le sens de l’image de l’auteur. Ainsi, la prostate est « l’organe du temps qui passe », car elle fait principalement parler d’elle lorsque son hôte a l’âge de la retraite. Le cancer de la prostate, lui, est une « maladie de grands-pères ».
Ce livre suscite par ailleurs la réflexion sur de grands questionnements. Par exemple, le contact avec des patients atteints du cancer prépare-t-il à affronter soi-même la maladie ? Est-ce qu’avoir une maladie aide à devenir un meilleur médecin ?
Flammarion, Québec, 2024, 200 pages, 24,95 $ (version papier) ou 17,99 $ (version numérique).