Nouvelles syndicales et professionnelles

Assemblée générale de l’association du nord-ouest du Québec

Pénurie, inscription et capitation

Emmanuèle Garnier  |  2019-09-13

Le 7 septembre, à Val-d’Or, le président de la Fédération, le Dr Louis Godin a commencé sa tournée des associations affiliées en participant à l’assemblée générale annuelle de l’Association des médecins omnipraticiens du nord-ouest du Québec.

Dr Louis Godin AGA AMONOQ

Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin est préoccupé par les problèmes d’effectifs médicaux au Québec. En particulier dans les territoires comme l’Abitibi-Témiscamingue. « On sent un essoufflement sur le terrain. Dans les régions éloignées, c’est très difficile pour les médecins », a-t-il reconnu au cours de l’assemblée générale annuelle de l’Association des médecins omnipraticiens du nord-ouest du Québec.

Les médecins se retrouvent écartelés entre plusieurs impératifs. « D’un côté, on a à vivre avec cette pénurie et le poids important que représente le travail en établissement pour les médecins de famille et, de l’autre, le gouvernement nous demande d’inscrire, et d’inscrire encore, des patients », a indiqué le Dr Godin aux 44 omnipraticiens présents.

Le président a discuté du problème avec des représentants clés de l’État. Ce qu’on exige des omnipraticiens, leur a-t-il expliqué, est presque irréalisable dans certains territoires. « On peut demander aux médecins des régions éloignées de faire un effort pour inscrire plus de patients, mais à un moment donné on aura peut-être à choisir entre l’urgence et les patients du guichet d’accès à un médecin de famille. »

Le Dr Godin a par ailleurs rappelé aux élus que les omnipraticiens n’ont pas reçu l’aide qui leur avait été promise. « On nous avait dit que les médecins de famille auraient moins à travailler à l’hôpital parce que des spécialistes prendraient la relève. Mais cela ne s’est pas concrétisé. Le fait que l’on nous demande de donner priorité à la prise en charge de nouveaux patients complique beaucoup la situation. »

Nouvelles mesures

La question de l’inscription des patients reste préoccupante. Les médecins de famille ont continué à prendre en charge de nouveaux patients au cours de l’année, mais la cible d’inscription de 85 % de la population n’est toujours pas atteinte. « La loi 20 est seulement suspendue. Elle n’est pas abrogée », a rappelé le Dr Godin qui a encouragé les cliniciens présents à poursuivre leurs efforts.

Pour faciliter l’inscription de patients, la Fédération tente de nouvelles mesures. « On va essayer d’assouplir la lettre d’entente no 304 qui porte sur le transfert des patients d’un médecin qui prend sa retraite. Certaines de ses clauses, comme l’exigence de prendre en charge toute la clientèle du médecin, rendent son application difficile pour certains groupes. Si ces derniers inscrivaient 80 % des patients, cela donnerait quand même un bon coup de main. C’est la même chose pour la lettre d’entente no 321 qui exige que les nouveaux facturants qui y adhèrent prennent en charge 800 patients. »

Les établissements de soins pourraient aussi être mis à contribution. « Le guichet comporte beaucoup de patients ayant des problèmes de santé mentale. Si un établissement fournissait des ressources, comme une infirmière en santé mentale, il serait plus facile pour les médecins de prendre ces personnes en charge. »

Par ailleurs, certaines mesures du plan d’action de la FMOQ destinées à accroître le nombre d’inscriptions devraient faire effet. Ainsi, de manière temporaire, un important supplément est accordé aux médecins dont le nombre de patients actifs atteint 750 et 1000. Le dénombrement de la clientèle qui sera normalement effectué à cette fin chaque année le 31 décembre, sera exceptionnellement fait aussi au début de l’automne en 2019 et donnera droit au versement d’une prime additionnelle.

Au début de septembre, tous les omnipraticiens ont reçu la liste de leurs patients. « Beaucoup se demandaient pourquoi on leur indiquait le nombre de patients actifs et inactifs. C’est que l’entente qui permet d’accorder les suppléments comporte la notion d'actifs et d’inactifs », a expliqué le Dr Godin.

Mais ce qui a ébranlé les médecins, c’est l’inexactitude du portrait dressé. « Il y a à peu près six mois de votre activité qui n’y apparaît pas, a précisé le président. Il est possible que vous ayez inscrit des patients il y a un certain temps et que la liste n'ait pas reculé jusque-là ou que vous ayez des patients que vous avez rencontrés ou que vous allez rencontrer et qui vont devenir actifs. Il faut savoir que, dans une clientèle, de 6 % à 10 % des patients sont inactifs. »

Capitation

L’avenir ? Sur le plan de la rémunération, cela pourrait être la capitation. La FMOQ et le gouvernement négocient actuellement à ce sujet. « Le but est de moderniser la pratique médicale, a expliqué le Dr Godin. La capitation permettrait de ne plus lier nécessairement la rémunération à un contact avec un patient. »

La Fédération estime que l’adoption de ce nouveau mode de rémunération doit se faire sur une base volontaire. Le forfait de capitation pourrait représenter 60 % de la rémunération de prise en charge. Il rétribuerait les activités cliniques portant sur les soins directs au patient. « Les actes et les mesures qui existent déjà seraient intégrés au forfait. Ce dernier rémunérerait cependant également les différents modes de consultation – que ce soit par téléphone ou par téléconsultation –, les échanges avec les autres professionnels et le travail interdisciplinaire. »

Et qu’adviendra-t-il de la rémunération à l’acte ? La nomenclature actuelle serait maintenue intégralement. « Les actes concernant les patients inscrits seraient payés à 40 % et ceux touchant les patients non inscrits à 100 %. » La FMOQ veut cependant exclure certaines activités du forfait de capitation.

« Nous sommes en train de nous entendre sur les grands principes avec le gouvernement, a mentionné le président. Notre objectif est de conclure une entente le plus rapidement possible. Sur le plan de la rémunération, l’instauration de la capitation serait probablement le plus grand changement depuis le début du régime de l’assurance maladie. » //

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