l’histoire derrière la vidéo
Mme Céline Falardeau ne savait pas comment remercier son médecin de famille. Elle aurait pu lui offrir une bouteille de vin ou des chocolats, mais elle voulait plus. Ce qu’il avait fait pour elle était inestimable : l’aider à remarcher et à retravailler. Il y a un an et demi, elle voit à la télévision des vidéos de la campagne « Prendre soin de vous » tournées avec de vrais patients. Elle venait de trouver l’idée qu’elle cherchait.
Quand Mme Falardeau annonce au Dr Marcel Denicourt qu’elle a proposé à la FMOQ de faire un témoignage sur lui, il est surpris, ému. Son premier réflexe est de refuser. « Mais après, je me suis dit : elle te rend hommage. C’est important pour elle et pour la suite de la relation. » Le médecin accepte en pensant aussi à sa profession. « Pour montrer qu’elle est honorable. Il y a d’autres médecins qui ont à cœur leurs patients, qui travaillent bien et fort », dit l’omnipraticien qui pratique près du mont Saint-Hilaire.
Cela ne fait qu’environ un an que Mme Falardeau n’a plus besoin de voir régulièrement le Dr Denicourt. Sa vie, cependant, s’est brisée il y a presque dix ans. Elle était allée voir le clinicien à cause d’engourdissements aux jambes. Ce dernier lui a rapidement fait passer des tests : elle avait une hernie discale et était menacée d’une paralysie imminente. « Je passe un scan à 11 h et à 13 h 30 je suis dans le bureau du Dr Denicourt. Il a déjà pris un rendez-vous avec le neurologue pour le lendemain matin et fait le lien avec l’hôpital. L’opération est prévue le mercredi suivant. »
Après l’intervention, c’est le cauchemar : l’orthopédiste annonce à Mme Falardeau qu’elle ne marchera plus jamais. Mais, contre toute attente, quelques semaines plus tard, la patiente commence à bouger les orteils. À sa sortie de l’hôpital, cinq mois et demi plus tard, elle marche, mais avec difficulté, et prend vingt-six comprimés par jour. « Un cocktail tellement fort que je dormais environ de 18 à 20 heures par jour. Le neurologue me dit même que je ne pourrai plus jamais travailler », raconte-t-elle dans la lettre qu’elle a envoyée à la FMOQ.
Le Dr Denicourt suit sa patiente de près. « Je n’avais pas seulement un problème de marche, raconte Mme Falardeau, qui était également traitée par l’équipe de réadaptation de l’hôpital. J’éprouvais énormément de douleurs. Il y avait beaucoup d’ajustement de médicaments à faire. » Ensemble, le médecin et la patiente essaient différentes molécules. Puis, au fil du temps, ils entreprennent de réduire les doses.
Au début, Mme Falardeau arrive en fauteuil roulant. À chaque consultation, cependant, le médecin lui fait prendre conscience de ses progrès. « Il me soutenait et me disait : “Oui, tu vas aller travailler”. Il m’encourageait à faire ce qu’il fallait pour y parvenir. Si lui n’y avait pas cru, je ne serais pas ici », affirme l’avocate, qui a repris ses activités professionnelles.
Le Dr Denicourt est fier du résultat. « C’est un cas où j’ai travaillé fort. Mais le mérite revient à la patiente. C’est un très beau privilège qu’elle m’a donné. On est très privilégié quand on fait de la médecine familiale. Je pense que toutes les relations avec les patients sont extraordinaires. »
En novembre, Mme Falardeau a finalement raconté son histoire sur vidéo. Le tournage a duré cinq heures. « Il y a une part qui est intimidante, parce que même si je suis avocate et que je plaide, c’est toujours un peu stressant de parler de soi-même. C’est quand même étaler son histoire en public. »
La patiente croit profondément en l’utilité du médecin de famille. « Je suis convaincue que si le Dr Denicourt n’avait pas été mon médecin de famille et ne m’avait pas connue avant ce problème de santé, cela aurait été plus difficile pour lui de croire que je m’en sortirais. C’est grâce à ce type de lien que l’on augmente les chances qu’une histoire comme la mienne arrive encore. »
En novembre dernier, quand le Dr Alain Ouimet, qui est en vacances en Floride, consulte ses courriels, il voit un message de la FMOQ. Un de ses patients a proposé de témoigner dans une vidéo télévisée de la manière dont le médecin lui a sauvé la vie en 1995.
« J’étais un peu surpris au début, parce que cela faisait quand même longtemps que c’était arrivé. J’étais un peu intimidé. Je suis plutôt un gars low profil », raconte l’omnipraticien qui pratique à Sainte-Adèle.
M. Jean-Marc Linteau, lui, se souvient très bien des événements. Ce matin-là, quand il se lève, il ressent une douleur dans la région thoracique. « Je me demandais si ce n’était pas le cœur. » Il se rend donc à la clinique pour voir son médecin de famille. « Il m’a fait différents examens et m’a demandé de passer une radiographie. Il n’y avait rien de spécial. » Le patient repart et prend des Tylenol sur la recommandation du médecin. Au cours de la journée, la douleur s’intensifie. M. Linteau rappelle le Dr Ouimet qui lui prescrit des Empracet. Au fil des heures, cependant, la souffrance devient intolérable. « Le soir, c’était comme un poignard qui me rentrait entre les côtes. »
La fille de M. Linteau, qui étudie avec le fils du Dr Ouimet, obtient le numéro de téléphone de ce dernier et l’appelle. « Il était entre 9 et 10 heures le soir, raconte le patient. Le médecin m’a dit : “Attends-moi à la maison. Je viens te chercher. On s’en va à l’hôpital.” Une fois arrivé, il a fait un compte rendu, et j’ai été pris en charge. » Le lendemain matin, à six heures, le patient était dans le tomodensitomètre. Le pneumologue et le microbiologiste étudiaient son cas. « J’avais la bactérie mangeuse de chair au poumon gauche », explique M. Linteau, qui a subi quatre interventions chirurgicales en dix-huit jours.
Le Dr Ouimet est allé visiter plusieurs fois son patient à l’hôpital. « Il prenait régulièrement des nouvelles de mon dossier et allait voir ma famille pour expliquer ce qui se passait », raconte M. Linteau. L’omnipraticien, de son côté, ne considère pas que ce qu’il a fait était exceptionnel. « C’est un cas un peu spécial, mais cela fait partie de mon travail. On fait du mieux que l’on peut. »
À Sainte-Adèle, après la diffusion de la vidéo, des personnes arrêtaient le Dr Ouimet à l’épicerie. « Les gens autour me félicitent. Ils sont contents. Il y en a qui disent : “C’est mon médecin !” Ils sont très reconnaissants. » Le clinicien, qui a pris une semi-retraite, exerce encore dans des résidences pour personnes âgées. //