des solutions à vos problèmes
L’infirmière de votre GMF n’a pas été remplacée depuis son départ ? Vous n’avez jamais eu de travailleuse sociale ? Vous n’êtes pas le seul dans cette situation. Parmi les 5950 médecins de GMF, plusieurs connaissent ces problèmes.
En fait, les mêmes difficultés semblent toucher les 339 GMF de la province. C’est l’une des raisons pour laquelle la Table nationale des GMF a été créée en juin 2018. Elle réunit un ou deux représentants de chaque association affiliée à la FMOQ. Son objectif : permettre aux GMF de communiquer entre eux, de discuter des problèmes et de partager les solutions.
Par exemple, que faire quand on a un problème concernant les remplacements, les vacances, l’horaire ou les tâches des professionnels de la santé fournis par l’établissement de soins de notre territoire ? « La première chose, c’est de trouver qui est le gestionnaire responsable du dossier des GMF dans l’établissement. Ensuite, il faut savoir comment communiquer avec lui. Par téléphone, par cellulaire, par courriel ? Dans tous les dossiers, c’est lui la personne-ressource quand on a des difficultés ou des questions », explique la Dre Anne-Louise Boucher, directrice adjointe à la Planification et à la Régionalisation à la FMOQ.
Ce conseil est l’un de ceux que la Dre Boucher a donnés à la deuxième réunion de la Table nationale des GMF qu’elle a organisée en janvier dernier avec l’équipe de la Planification et sa directrice, la Dre Julie Lalancette. Au cours de cette rencontre, les médecins ont eu l’occasion de discuter de plusieurs points : le processus de sélection du personnel, la cogestion des professionnels de la santé par le GMF et l’établissement ainsi que l’évaluation financière de la valeur ajoutée d’un GMF.
Un médecin de GMF peut-il participer au processus de sélection d’un professionnel de la santé qui va se joindre à son groupe ? La Dre Boucher estime sa présence nécessaire. Certains établissements, cependant, se montrent réticents. « Il ne faut pas hésiter à le demander. Si le gestionnaire répond que le médecin n’a pas à être présent parce que le processus de sélection est ainsi fait, on peut demander de voir par écrit le mécanisme prévu. Il ne faut pas hésiter à aller chercher l’information et à s’imposer. »
Au sein du comité de sélection, l’omnipraticien ne sera évidemment pas seul à choisir le candidat. Son rôle est néanmoins fondamental. « Souvent, un gestionnaire de l’établissement et un responsable des ressources humaines mènent l’entrevue. Le médecin peut toutefois poser aussi des questions au candidat, puis intervenir pour que le comité tienne compte de certains éléments cliniques ou autres. » L’omnipraticien peut également préparer des mises en situation à soumettre au professionnel au cours de l’examen et de l’entrevue.
À la fin de l’entrevue arrive un moment déterminant : la période où le candidat peut poser des questions. « Je suggère fortement aux cliniciens de faire alors le portrait, et même la promotion de leur GMF, indique la Dre Boucher. Ils peuvent dire : “On est situés à tel endroit. On est bien installé. On a déjà deux infirmières et on aimerait en avoir une troisième. On traite tel type de clientèle”. Cela donne au candidat une idée du GMF. Il saura si le profil de la clinique correspond à ses aspirations. »
Une fois le professionnel choisi, quels sont les éléments cruciaux à connaître dans la suite du processus ? Pour commencer, il faut s’informer de la longueur de la période d’essai de l’employé. « Elle varie d’un établissement à l’autre et d’une convention collective à l’autre selon le type de professionnels : infirmière clinicienne, physiothérapeute, ergothérapeute, inhalothérapeute, etc. Il est donc important de s’informer auprès du gestionnaire de sa durée. Elle peut aller de vingt à soixante-cinq jours de travail », explique la Dre Boucher.
Deuxième précaution à prendre : s’assurer auprès du gestionnaire que le candidat ne signera pas son contrat sans que le médecin en soit d’abord avisé. « Il peut arriver qu’un professionnel, qui a une période d’essai de vingt jours travaillés, dise au bout de dix jours : “J’aime le travail et je suis prêt à signer tout de suite mon contrat”. Cependant, les médecins du GMF, eux, peuvent ne pas être sûrs qu’il soit la bonne personne. »
La période d’essai permet à l’omnipraticien responsable de demander au pro- fessionnel d’éventuels changements et ensuite de faire le point. « À la fin de la période d’essai, le médecin a le droit de refuser une candidature qui ne lui convient pas. Beaucoup de responsables de GMF l’ignorent. » Et beaucoup n’ont pas la possibilité de le faire. « Bien des établissements ont signé des contrats avec des professionnels sans que le médecin responsable du GMF soit au courant », mentionne la Dre Boucher.
En général, comment se passe la cogestion des professionnels de la santé faite par le GMF et par l’établissement ? Elle est à géométrie variable d’une région à l’autre et d’un établissement à l’autre, répond la Dre Boucher. « Certains établissements collaborent bien, mais d’autres, au contraire, refusent de discuter avec les médecins. Certains omnipraticiens sont las de se battre, et les établissements peuvent alors gérer les professionnels à leur guise. Ce qui n’est pas une bonne chose pour les GMF. » Cette situation a été dénoncée à plusieurs reprises à la Table nationale des GMF en janvier.
Bien des GMF n’ont jamais obtenu les professionnels qu’ils auraient dû avoir. De plus, ceux qui s’absentent longtemps ne sont pas automatiquement remplacés. « Lorsque l’établissement ne respecte pas ses obligations, il ne subit aucune pénalité, explique la Dre Boucher. Par contre, les médecins ont des sanctions si leur taux d’assiduité est trop faible ou leurs heures d’ouverture insuffisantes. Les médecins nous disent : “On travaille très fort, et les autorités peuvent considérer que l’on a un manquement parce qu’il nous manque deux heures d’ouverture pendant la période des Fêtes, alors que cela fait six mois que l’établissement n’a pas fourni le professionnel promis”. » L’iniquité était le principal élément irritant mentionné à la Table des GMF.
La situation n’a pas toujours été ainsi. « Dans la première version des GMF, les montants provisionnés pour les infirmières pouvaient être utilisés pour des projets novateurs lorsque celles-ci n’arrivaient pas au moment prévu », explique pour sa part la Dre Julie Lalancette.
Cette formule semble une voie intéressante. Une avenue à retenir. « La Table nationale souhaite se faire entendre auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux pour trouver des solutions au problème et collaborer activement à l’amélioration ou à la révision du programme », indique la directrice de la Planification et de la Régionalisation.
Le prochain programme GMF devra par ailleurs tenir compte d’un autre point : l’explosion des coûts liés au développement technologique. Les frais des lignes sécurisées, par exemple, ont grimpé, et il est nécessaire d’offrir aux médecins un soutien pour l’utilisation de dossiers médicaux électroniques qui ne cessent d’évoluer.
« Est-ce avantageux d’un point de vue financier, malgré les subventions accordées, de participer au programme GMF compte tenu des coûts qui y sont liés ? La clinique dégage-t-elle des surplus pour créer de nouveaux projets ? », demande la Dre Boucher. Ces questions sont importantes.
Pour aider les médecins à y répondre, la FMOQ a conçu un outil. « Il s’agit d’une grille qui permet de comparer les revenus et les dépenses associés au programme GMF et d’évaluer si celui-ci est avantageux ou non », dit la Dre Lalancette. Cet instrument, qui n’a pas la prétention d’être un calculateur, a comme objectif de nourrir la réflexion des cliniciens.
« Les médecins qui aimeraient se procurer cette grille peuvent communiquer avec leur association syndicale régionale pour obtenir le nom de leur représentant à la Table nationale des GMF qui pourra la leur fournir », précise la Dre Boucher.
La Table compte une vingtaine de représentants de toutes les régions du Québec. « Nous souhaitons avec leur aide créer un réseau qui permet de communiquer avec l’ensemble des GMF », précise la Dre Lalancette.
Depuis leur première réunion, en juin dernier, les représentants n’ont par ailleurs pas chômé. « Certains ont organisé des rencontres de chefs de GMF. Plusieurs ont utilisé des réunions qui existaient déjà pour renforcer la communication entre GMF : tables de coordination, tables médicales territoriales, etc. », affirme la Dre Boucher.
Certains établissements de soins, cependant, organisent déjà des rencontres, une ou deux fois par année, avec les chefs de GMF. « Généralement, toutefois, c’est l’établissement qui décide de l’ordre du jour. Certains médecins de GMF ont décidé de prendre plus d’initiatives pour permettre la discussion des problèmes qui les préoccupent », mentionne la Dre Boucher. Les GMF commencent ainsi à former des réseaux dans leur région respective et dans toute la province. //