un projet de médecin remplaçant
Bien des médecins de première ligne en rêvaient depuis longtemps : pouvoir disposer, pendant une absence prolongée, d’un remplaçant pour s’occuper de leurs patients. Un petit projet pilote, qui sera mis sur pied en février dans les Laurentides et Chaudière-Appalaches, pourrait réaliser ce vœu.
« Le principe est de remplacer un médecin qui s’absente quelques mois par un jeune collègue qui n’a pas encore d’avis de conformité à un plan régional d’effectifs médicaux ou qui veut essayer une région et différents milieux de pratique », explique la Dre Anne-Louise Boucher, directrice de la Planification et du Développement organisationnel à la FMOQ.
Le projet, conçu par la Fédération et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), offrira des remplaçants pour cinq omnipraticiennes en congé de maternité dans les deux régions choisies. La priorité sera accordée aux petites cliniques. « Ce sont des milieux où le congé de maternité amènera des difficultés de fonctionnement plus importantes », précise la Dre Boucher. Un critère, par ailleurs, sera incontournable : la présence d’un volet de prise en charge dans la pratique de la médecin qui s’absentera.
Les candidates potentielles seront repérées par le Département territorial de médecine familiale (DTMF). Les omnipraticiennes qui partent en congé de maternité l’avisent normalement pour avoir droit à certaines exemptions prévues dans les ententes. Si leur milieu souhaite un médecin substitut, une fois la demande de remplacement évaluée et approuvée, le Département rendra public le poste temporaire dans la clinique. Le clinicien qui désirera le pourvoir pourra effectuer les démarches nécessaires auprès du DTMF.
Que se passera-t-il après ? Le médecin remplaçant se chargera de la pratique de la future mère et accomplira toutes ses activités cliniques.
Si le projet pilote, qui durera un an, se révèle concluant, la formule pourrait être étendue à un plus grand nombre de médecins, à différentes régions et à d’autres types d’absence comme les congés de maladie.
« Nous avons commencé par les congés de maternité, parce qu’ils sont plus faciles à gérer : on connaît la date de départ et celle de retour. Comme le projet est à petite échelle, s’il y a des difficultés, il sera plus aisé de trouver des solutions », mentionne la Dre Boucher.
Cette première étape permettra de mettre au point un mécanisme pour offrir une certaine stabilité aux équipes médicales qui comptent de futures mères. « Il y a chaque année environ 450 nouveaux congés de maternité au Québec. C’est beaucoup. »
Pourquoi avoir choisi les Laurentides et Chaudière-Appalaches ? Parce que dans ces régions, l’écart entre les besoins et les effectifs médicaux est particulièrement grand, indique la directrice.
Au cours du projet pilote, différentes données seront recueillies. « Nous avons établi plusieurs critères pour évaluer l’efficacité du nouveau mécanisme : combien de patients le médecin remplaçant aura-t-il vus ? Combien de temps aura-t-il consacré à la prise en charge ? Combien à d’autres secteurs de pratique ? Est-il satisfait de l’expérience ? La clinique l’est-elle aussi ? Y a-t-il eu des difficultés ? Des éléments doivent-ils être améliorés ? » La Dre Boucher aimerait également effectuer un sondage auprès des patients si le temps et les effectifs administratifs le permettent. « On voudrait savoir comment ils ont trouvé le fait d’avoir eu un médecin substitut pendant un an. »
Une fois le projet mis en place, la FMOQ continuera à jouer un rôle. « Avec le MSSS, nous ferons l’évaluation des demandes des cliniques pour nous assurer qu’elles correspondent aux critères du projet et nous offrirons un soutien aux DTMF s’ils ont des questions ou des cas difficiles. »
Ce projet est important pour la Fédération, affirme la Dre Boucher. « Il permet de valoriser la médecine familiale, d’aider à stabiliser les équipes faisant de la prise en charge et de reconnaître la particularité des médecins de famille du Québec qui comptent plus de 60 % de femmes. » L’idée de cette mesure vient à la fois du comité des jeunes médecins de la FMOQ et de la Table nationale de valorisation de la médecine familiale.