Éditorial

Les fameux frais accessoires

Louis Godin  |  2016-09-23

Le ministre Barrette a annoncé en grande pompe, sans nous prévenir au préalable, la prépublication, le 28 septembre 2016, d’un règlement du gouvernement prévoyant l’abolition complète, en 2017, des frais accessoires associés à un service médical assuré. Seule exception : la possibilité de facturer le transport d’échantillons biologiques (5 $ pour les échantillons non sanguins et 15 $ pour les échantillons sanguins).

D’abord, rappelons que les médecins de famille québécois sont beaucoup moins touchés par les enjeux liés aux frais accessoires, les sommes totales facturées par les omnipraticiens se chiffrant, selon nous, à quelques millions de dollars contre plusieurs dizaines de millions chez les spécialistes, et ce, même si nous pratiquons davantage en clinique médicale. Ensuite, il semble de mise de préciser de nouveau que la FMOQ ne s’oppose aucunement sur le fond à l’abolition de ces frais. Au contraire, nous voyons plutôt d’un bon œil la fin d’un flou juridique qui ne servait l’intérêt de personne, en tout cas certainement pas celui des patients et des médecins bien intentionnés. Comme nous voyons aussi positivement le maintien de la facturation du transport d’échantillons biologiques, puisque nous avions fait des représentations en ce sens. Nous croyons que cela va dans le sens des intérêts des patients. De plus, nous tenons à ajouter que nous avons bon espoir d’en venir à une conclusion heureuse au cours des prochains mois dans ce dossier et de réussir le tour de force de préserver, pour l’essentiel, les services à la population qui seraient dorénavant menacés. Nous examinerons donc attentivement toutes les avenues possibles pour y parvenir.

Cela dit, la FMOQ tient quand même à se dissocier de certains propos tenus par le ministre, notamment ceux où il attribue à la FMOQ l’évaluation d’un montant de 18 millions de dollars en frais accessoires que nos membres factureraient à leurs patients. Non seulement nous n’avons aucune idée de l’évaluation à laquelle il fait référence, mais nous la trouvons en plus nettement exagérée. Nous trouvons extrêmement regrettable d’avoir été mis devant le fait accompli par cette annonce unilatérale du gouvernement. Si ce dernier avait travaillé de concert avec nous, nous aurions pu arriver ensemble à une véritable conclusion heureuse dans ce dossier, qui aurait servi l’intérêt de tous, tout en dissipant beaucoup d’incertitudes pour la suite des choses.

Enfin, une initiative concertée aurait sans doute permis de mieux expliquer au public et aux médias la différence entre les frais accessoires associés à un acte médical (ex. : médicaments comme l’azote ou la cortisone) et les services non assurés (ex. : formulaires de toutes sortes ou copie de dossier) qu’il sera toujours permis de facturer après le 1er  janvier 2017. Malheureusement, le gouvernement a choisi de procéder autrement. Nous ne pouvons que le déplorer, même si cela n’altère en rien notre volonté de trouver des solutions dans ce dossier afin que les services médicaux touchés ne soient pas menacés.//

Le 20 septembre 2016

 

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Le président, Dr Louis Godin