Nouvelles syndicales et professionnelles

Résultats du Questionnaire santé en ligne

les médecins encouragés à faire plus d’exercice

Élyanthe Nord  |  2024-01-02

CGuimond

Êtes-vous en forme Docteur ? Il semblerait que plusieurs médecins pourraient l’être davantage. Ainsi, 29 % des 519 omnipraticiens québécois qui ont répondu au Questionnaire santé sur montougo.ca l’été dernier présentent cinq facteurs de risque ou plus. Le sondage, parrainé par la FMOQ, a été effectué par Capsana, une entreprise qui se consacre à la promotion des saines habitudes de vie et qui appartient notamment à la Fondation EPIC, de l’Institut de Cardiologie de Montréal.

Le questionnaire, qui évaluait plus d’une douzaine de facteurs de risque, révèle que bien des médecins gagneraient à faire plus d’activité physique, à mieux manger et à perdre du poids. Ainsi, en ce qui concerne l’exercice, seuls 43 % des répondants, dont la moyenne d’âge était de 50 ans, pratiquaient au moins 150 minutes par semaine d’une activité physique d’intensité moyenne pendant toute l’année. Trente-six pour cent n’étaient que moyennement actifs et 21 % l’étaient peu ou pas.

La situation s’est par ailleurs détériorée. Ainsi, il y a deux ans, 53 % des 987 omnipraticiens qui avaient répondu au sondage n’atteignaient pas la quantité d’exercice recommandée. Maintenant, ils sont 57 %.

« Je trouve préoccupant qu’une importante proportion de nos membres ne fassent pas le minimum d’activités physiques que l’on suggère à nos patients », affirme le Dr Claude Guimond, directeur de la Formation professionnelle à la FMOQ. Peut-être qu’une campagne de promotion de l’exercice auprès des omnipraticiens pourrait être souhaitable, estime-t-il. La pratique de l’activité physique déteindrait par ailleurs sur le travail des médecins de famille. « Ceux qui font le plus d’exercice ont tendance à en prescrire ou à en suggérer le plus », explique le Dr Guimond.

Les résultats des médecins de famille sont toutefois meilleurs que ceux de l’ensemble des répondants du Questionnaire santé sur montougo.ca. Ainsi, parmi toutes les personnes qui l’ont rempli, 65 % ne faisaient pas assez d’activité physique.

Alimentation, poids, stress ?

Côté alimentation, 53 % des omnipraticiens semblent consommer trop de gras saturés, de sucre ou de sel ou ne mangent pas suffisamment d’aliments nutritifs, indique le sondage de Capsana. Pire, 20 % des répondants ont déclaré avoir une alimentation carrément inadéquate. Mais ces résultats sont meilleurs que ceux de l’ensemble des personnes qui ont répondu au questionnaire : 74 % d’entre elles n’avaient pas une alimentation optimale.

En ce qui concerne le poids, 57 % des médecins sondés avaient un IMC adéquat, mais 31 % faisaient de l’embonpoint et 12 % étaient obèses. Par comparaison, 65 % des Québécois ont un surplus de poids, dont 28 % sont atteints d’obésité.

Du côté des bonnes habitudes de vie, 95 % des répondants médecins avaient une consommation d’alcool raisonnable, 95 % ne considéraient pas leur utilisation des écrans comme nuisible et 81 % ne souffraient pas d’un manque de sommeil fréquent.

Bien des omnipraticiens semblent cependant touchés par le stress. Ainsi, 35 % considéraient avoir un degré de stress élevé au travail. Par comparaison, ce taux est de 28 % pour l’ensemble des répondants du sondage. À l’extérieur du travail, cependant, seuls 15 % des médecins affirmaient être stressés.

Selon les analystes de Capsana, 37 % des médecins répondants auraient avantage à améliorer leur gestion du stress, soit en réduisant les sources, soit en se dotant d’outils pour y faire face. Vingt-quatre pour cent des omnipraticiens interrogés estimaient leur capacité à gérer leur stress passable et 13 %, faible.

Les maladies des médecins de famille

Quels sont les problèmes de santé les plus fréquents chez les omnipraticiens ? Parmi les répondants, 26 % ressentaient des douleurs au dos ou au cou, 26 % souffraient de trouble anxieux et 23 % étaient atteints d’arthrose ou d’arthrite. De plus, 21 % souffraient de migraines et 14 % de dépression.

Ces médecins sont-ils bien pris en charge ? Parmi les femmes de 21 ans et plus et les hommes de 40 ans et plus sondés, 24 % n’avaient pas eu d’examen médical au cours des deux dernières années. « On voit que les médecins ont des problèmes de santé, comme la population générale, mais beaucoup n’ont pas de suivi médical », souligne le Dr Guimond. Par ailleurs, 7 % des répondants de 40 ans et plus n’ont jamais passé de test de glycémie et 5 % n’ont jamais fait mesurer leur pression artérielle.

La Fédération se penche actuellement sur la question des médecins de famille pour les médecins de famille (voir article suivant). « Il faut que les omnipraticiens aient une consultation en bonne et due forme, et non sur le bord de la porte avec un collègue. Si on prend soin de nous, on va mieux prendre soin de la population. On doit avoir envers nous-même cette bienveillance qui va nous permettre d’avoir des mesures de prévention et peut-être d’éviter des arrêts de travail », mentionne le Dr Guimond.

Être son premier patient

L’un des points inquiétants du sondage reste l’adhésion sous-optimale des omnipraticiens à la pratique de l’activité physique. Le Comité sur le mieux-être des médecins de la Fédération, auquel le Dr Guimond a présenté les données du sondage, propose plusieurs idées intéressantes. Par exemple, un engagement de groupe a été suggéré. Les cliniques pourraient se doter d’un thermomètre indiquant le nombre de minutes d’exercice faites par l’équipe pendant la semaine. Tous pourraient ainsi voir le degré d’activité de l’ensemble des membres.

Tous les types d’exercice pourraient être encouragés : les marches d’un ou deux kilomètres par jour, le transport actif, la montée d’escaliers, etc. « Si on fait dix minutes de vélo pour aller au travail, on accumule du temps d’exercice. On sait que ces minutes ont leur valeur. La recommandation de 150 minutes par semaine ne consiste pas nécessairement en cinq fois 30 minutes. Ce nombre peut être divisé davantage », indique le directeur.

Un membre du Comité du mieux-être, le Dr Sébastien Burelle, incite par ailleurs ses collègues à se dire : « Mon premier patient de la journée, c’est moi-même. Ai-je pensé à faire ce que je recommande à mes patients ? » //