La Dre Louise Fugère est directrice adjointe de la Formation professionnelle et rédactrice en chef du Médecin du Québec. |
Pour les 60 ans du Médecin du Québec, je me suis donné comme mandat de vous présenter en un clin d’œil l’histoire de la revue. En juin 2005, M. Jean-Guy Aumont, alors rédacteur adjoint du Médecin du Québec, a rédigé, pour notre 40e anniversaire, une série d’articles sur l’histoire de la revue. C’est grâce à ce travail titanesque que je peux aujourd'hui m’adresser à vous en toute simplicité.
En parcourant le contenu des publications de ces 60 dernières années, je constate que Le Médecin du Québec est depuis toujours un réel bijou d’information.
Du statut de l’omnipraticien à la naissance des regroupements de médecins au Québec, il a rapidement été le témoin privilégié de la création de l’assurance maladie, de l’évolution de la pratique médicale au Québec et des nombreuses transformations du réseau de la santé. Il a toujours été un véhicule d’information à l’avant-garde et innovateur.
Retour sur les vingt premières années
De 1961 à 1964, la commission Hall, chargée d’enquêter sur les services de santé au Canada, recommande un régime complet et universel d’assurance maladie. Les médecins omnipraticiens ressentent alors le besoin de se regrouper en vue d’éventuelles négociations sur leur rémunération et sur leurs conditions d’exercice en vue de leur participation au régime public. En 1963, la FMOQ obtient sa charte dans le cadre de la Loi des syndicats professionnels sous le nom de Fédération des médecins chirurgiens en pratique générale du Québec. Parallèlement, les médecins spécialistes font les mêmes démarches. La FMSQ obtient sa charte deux ans plus tard.
En juin 1965, Le Médecin du Québec naît des premiers soubresauts de la vie syndicale des médecins du Québec. Le Dr Gérard Hamel, dans son premier éditorial, mentionne que la revue se consacrera principalement aux questions d’économie et de sociologie sanitaire. La revue s’adressera à tous les médecins du Québec sans exception dans le but de devenir « l’organe officiel du syndicalisme médical ». Elle sera le mode de communication des membres des deux fédérations.
À l’époque, il était question de créer une confédération regroupant les deux fédérations de médecins, ce qui ne s’est pas concrétisé. Ainsi, Le Médecin du Québec restera donc la revue de la FMOQ. Le contenu s’adressera alors principalement aux omnipraticiens afin de les informer des enjeux liés à leur pratique et de les soutenir.
Les Drs Gérard Hamel, Georges Desrosiers, Georges Boileau, Jacques Dinelle et Gilles des Rosiers, futurs piliers de la FMOQ au Québec, seront parmi les premiers auteurs.
Le contenu s’est rapidement diversifié. De nouvelles chroniques sur des sujets variés (économie, automobile, gastronomie et œnologie, pour n’en nommer que quelques-uns) sont apparues pour répondre aux intérêts du lectorat. L’actualité politique est mise de l’avant, comme l’illustre en 1967 le numéro complet sur la Commission d’enquête sur la santé et le bien-être social (ou commission Castonguay-Nepveu) et un autre consacré au mémoire des médecins résidents.
Des numéros thématiques, liés ou non à l’actualité, traiteront, par exemple, d’économie, de nutrition et de sexologie. À l’avant-garde, Le Médecin du Québec s’adressera à ses lecteurs sur des sujets devenus par la suite des champs d’expertise des médecins de famille, comme la médecine du travail, la médecine du sport, la médecine préventive, l’obésité, la gériatrie, la médecine du voyageur, les MTS,la contraception. Il traitera aussi de sujets en émergence, comme l’avortement en 1974, l’acupuncture en 1975, l’euthanasie en 1977 et le sida en 1983.
Pendant dix ans (de 1973–1982), la rubrique Regroupement contiendra une série d’articles sur les médecins travaillant en cabinet de groupe et influencera l’organisation de la pratique médicale des médecins de famille au Québec.
En plus de traiter des enjeux liés à la pratique, le défi sera d’y intégrer des nouvelles syndicales et des éditoriaux sans décalage avec l’actualité. L’équipe de la revue devra donc produire très rapidement, à la toute dernière minute, ces chroniques. Nous pouvons vous dire que cela reste un défi en 2025.
Au cours des vingt premières années, les articles ont porté sur des sujets variés liés à l’actualité médicale et à la pratique de la médecine, tant du point de vue de son organisation que de celle des soins aux patients.
Un virage novateur : le cahier de formation continue
En 1986, Le Médecin du Québec prend un autre virage novateur grâce à l’ajout d’une section de formation continue. Ce changement a permis à un grand nombre de médecins de famille de s’initier à l’écriture médicale et de participer activement à la formation de leurs collègues.
Des processus systématiques seront alors définis afin de produire des articles de formation continue de la meilleure qualité possible. L’approche sera à l’image de celle que la FMOQ utilisait alors pour ses congrès de formation et suivra l’approche méthodique en formation continue. Chaque cahier thématique sera dirigé par un responsable de thème dont l’expertise est reconnue dans le domaine et qui supervisera une équipe d’auteurs. Le processus de production s’est développé de façon progressive, d’abord par l’évaluation des processus des trois premiers numéros. Il s’est par la suite raffiné par des processus d’évaluation en continu qui sont toujours en place en 2025. La production d’un numéro, allant du choix du sujet à l’impression de la revue, se fait sur une période de deux ans. Les étapes de production sont structurées et suivent des échéanciers stricts afin de produire un contenu de qualité et de déposer la revue à temps pour l’impression.
Le comité éditorial, créé en 1982, a pour mandat de s’assurer que Le Médecin du Québec véhicule les diverses missions de la Fédération, améliore les connaissances, le savoir-faire et le savoir-être des omnipraticiens sur les plans syndical, scientifique et andragogique et valorise une diversité de contenu éditorial. Le but est que tous les omnipraticiens se sentent interpellés par les sujets abordés.
Le comité de rédaction scientifique, créé quant à lui en 1985, s’est vu confier la tâche d’élaborer et de contrôler le contenu andragogique de la revue conformément aux politiques du comité de formation de la FMOQ et du comité éditorial. Il veille à la préparation de la section scientifique de la revue.
En 2025, nous pouvons dire : Virage accompli ! Les sondages SOM nous montrent, en effet, que la section de formation continue demeure une référence tant sur le plan de la qualité et de la pertinence du contenu que de la pratique des médecins de famille au Québec. Elle sert aussi à des fins d’enseignement auprès des étudiants en médecine et des résidents en médecine familiale. La collaboration des médecins spécialistes comme responsables de thème ou comme auteurs et celle des autres professionnels comme auteurs est de plus en plus importante et reflète la tendance actuelle du travail interprofessionnel et collaboratif.
De nouvelles chroniques
Le Médecin du Québec a pris de l’ampleur au fil des ans. Une section sur la vie professionnelle et associative, d’abord appelée Échographies et écrite par notre journaliste, a vu le jour. De nouvelles chroniques se sont aussi ajoutées, dont certaines sont rédigées par les directions de la FMOQ et d’autres portent sur des sujets de formation continue. Ainsi, de 1999 à 2019, nous avons publié les chroniques suivantes : Médecine du travail, Propos juridiques, Périnatalité, Pharmacie, Fonds FMOQ, Le fil d’Ariane, Quoi de neuf en FMC, InfoPOEMs, Assurances, Économie médicale, Info-comprimée, Questions… de bonne entente, Bureau du coroner, En fin… la facturation, Droit au but, Aller plus loin grâce à Internet, Mots de tête, Médecine aux quatre vents, Gestion pratique, De médecin à enseignant, Pratico-pratique, Livres, Dossiers spéciaux, Entrevues, Nouvelles des associations, La protection en questions, Alors, on PIQ ? et Zone techno. Certaines de ces chroniques existent toujours.
Mon mandat de rédactrice en chef
En 2019, à mon arrivée comme rédactrice en chef, la revue avait atteint sa maturité. Je me suis donc concentrée sur les sujets inédits. C’est ainsi que nous avons produits des numéros thématiques sur des sujets comme la santé des autochtones, des membres de la communauté LGBTQ+ et des demandeurs d’asile et réfugiés, la déficience intellectuelle, les effets des changements climatiques sur la santé. Comme toujours, le contenu de ces articles a fait suite à une évaluation des besoins ressentis par les médecins de famille, des besoins démontrés par les experts et des besoins normatifs, le tout en tenant compte de l’évolution de la société et de la pratique médicale.
De nouvelles chroniques sur des sujets d’actualité ont été créées dans les dernières années. Vue sur l’Observatoire, née d’un partenariat avec le Dr Martin Juneau de l’Institut de cardiologie de Montréal, est une belle fenêtre sur des articles de pointe publiés sur le site de l’Observatoire de la santé de l’Institut de cardiologie. Et nous profitons de ce numéro spécial pour lancer une toute nouvelle chronique intitulée « Le partenariat patient » Enfin, en 2025–2026, la chronique Zone techno évoluera vers des applications technologiques utilisant l’IA et la réalité augmentée en clinique.
Autre nouveauté, l’intégration de codes QR dans la revue papier et d’hyperliens dans la revue numérique permet désormais aux lecteurs d’accéder directement à certains documents et à certaines vidéos. Sur la page d’accueil du Médecin du Québec, l’onglet « Boîte à outils » permet maintenant de télécharger des éléments visuels pertinents pour la pratique.
Voilà ma contribution au Médecin du Québec. Je suis fière du travail accompli.
Et l’avenir
Une nouvelle maquette, plus conviviale et contemporaine, sera produite dans les prochains mois pour la revue tablette.
Nous pourrions envisager de produire du contenu sur le site Web en complément au cahier de formation. Nous pourrions aussi publier du contenu d'actualité en continu directement sur le site Web dès qu'un événement se produit et qui pourrait se trouver exclusivement sur le Web.
Nous pourrions ainsi donner accès à de l’information en continu et synchrone avec les événements. En 2025, les modes de communication se multiplient : infolettre, courriels, médias sociaux. Le Médecin du Québec devra redéfinir sa place. Le virage numérique est sans aucun doute un incontournable.
Pour l’avenir, Le Médecin du Québec poursuivra sa quête afin de produire du contenu de qualité, avant-gardiste et novateur, d’informer les membres et de les soutenir dans leur vie professionnelle.