Éditorial

Une mobilisation spontanée qui porte fruit

Marc-André Amyot | 23 juin 2025

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Au cours des dernières semaines, vos prises de parole sincères et factuelles, vos lettres ouvertes, vos vidéos en ligne, votre participation à la commission parlementaire ont contraint le gouvernement à repousser l’adoption du contreproductif et insidieux projet de loi no 106 visant principalement les médecins de famille. Et c’est en grande partie à vous qu’on le doit, les médecins du terrain !

Si tout est loin d’être gagné et que les menaces demeurent latentes mais réelles, ce mouvement spontané aura permis de mieux faire connaître vos réalités auprès du grand public. Que ce soit l’imposante pénurie de médecins de famille qui ne cesse de croître, l’alourdissement des tâches du quotidien, le manque de ressources professionnelles et techniques, la paperasse à n’en plus finir, ce sont désormais des faits énoncés clairement et entendus d’un plus grand nombre.

D’ailleurs, le réseau semble être aux prises avec des défis de « performance » généralisés, de sa base à son sommet et, en tout premier lieu, au ministère. Et ce n’est pas vrai que les médecins seront les boucs émissaires des ratés de planification du passé et du manque de vision des décideurs actuels !

Du côté de la FMOQ, nous continuons malgré tout de proposer des solutions pertinentes, innovantes et concrètes, tant à la table de négociation qu’auprès des partenaires et experts. Nous poursuivons notre engagement avec l’esprit de collaboration qui nous caractérise depuis toujours.

Un rapport d’experts rejeté

Dans toute cette saga, l’un des éléments centraux expliquant le désarroi des médecins demeure le rejet de la part du gouvernement du rapport du comité d’experts qu’il a lui-même mandaté. On tourne le dos à la concertation, à la science et à la connaissance clinique, pour faire encore plus de place à l’électoralisme, aux impressions et à la surbureaucratisation du réseau.

Car jusque-là, nous avons soutenu la démarche du gouver­nement en participant très activement aux travaux des experts. Le gouvernement avait mandaté des chercheurs reconnus et des cliniciens du terrain pour formuler des recommandations pour une première politique nationale sur l’organisation des soins. Ces acteurs indépendants ont rédigé un rapport étoffé, éclairant et pertinent, qui n’a même pas été considéré, car la pièce législative qui nous est tombée dessus a été rédigée parallèlement, en catimini.

En résumé, les principales recommandations des experts, des recommandations indissociables par ailleurs, sont les suivantes :

  1. Plus de soignants, moins de bureaucratie ;
  2. Un professionnel désigné pour chaque patient ;
  3. Plus de pouvoir local dans l’organisation des soins ;
  4. Un réseau qui apprend et qui s’améliore ;
  5. Un financement aligné sur les besoins réels ;
  6. Des résultats qui comptent pour les patients.

Dans le but de défendre une médecine de famille accessible, humaine et de qualité, nous appuyons sans détour ces recommandations et continuons à dénoncer tout projet, comme des projets de loi coercitifs, qui irait à l’en­contre de leur mise en œuvre.

Prendre le temps de souffler pour mieux continuer

Au cours de cette autre période de turbulence, les blâmes non fondés et les insinuations dépourvues de faits du gouvernement à l’égard des médecins de famille ont laissé des marques profondes sur le terrain.

Vous êtes nombreux à nous avoir mentionné lors de nos récentes tournées comment ces attaques gratuites et le projet de loi 106 vous affectent durement. Nous vous comprenons, nous percevons la même chose que vous et, surtout, nous sommes à vos côtés. Vous avez choisi d’exercer une profession dont l’essence est de prendre soin des gens. Votre mission n’est pas de vous « battre » contre des politiciens.

Sur une note plus personnelle, je vous remercie sincèrement pour tout ce que vous faites, chaque jour, avec rigueur, engagement et humanité. Pour vos heures incalculables à prendre soin de vos patients dignement, professionnellement, comme il se doit.


Cet été, donnez-vous la permission de décrocher, de souffler, de profiter de la vie avec les personnes que vous aimez et de prendre soin de vous. Pour mieux continuer et demeurer mobilisé, il faut aussi savoir se préserver.

 

Le 23 juin 2025

Marc-André Amyot

Président de la FMOQ,
Dr Marc-André Amyot